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EDITORIAL
 
QUALITE, EQUITE ET ACCESSIBILITE TECHNOLOGIQUES




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L’équité, la qualité, et l’accessibilité sont les principaux critères d’excellence des systèmes de santé proposées par l’OMS.

Ils sont loin d’être atteints, lorsque l’on transpose ces critères aux aspirations et réalités d’utilisation des technologies modernes par la communauté scientifique des pays du Sud. Le principal frein est essentiellement économique, le savoir théorique scientifique pouvant être acquis avec de moindres difficultés. En effet, la mise en application des concepts scientifiques pose de véritables problèmes à cause d’une absence d’équipement adéquat. Lorsque l’on connaît le maigre budget des laboratoires de recherche, la faiblesse des équipements des hôpitaux en Afrique et des cabinets des praticiens, il est évident qu’offrir la qualité, sur fond d’équité relève de la gageure. Ainsi, le fossé entre les pays du Nord et du Sud se creuse. Le « gap » ne cesse de s’accentuer. Cette dérive d’une partie du monde n’est pas inéluctable si l’on fait appel à l’imagination, à la créativité et la solidarité. La mobilisation des ressources financières doit se faire directement sur des projets CONCRETS. En se fondant sur une culture du résultat immédiat – car il y a urgence- la communauté scientifique doit intervenir énergiquement auprès des décideurs politiques et institutionnels afin que l’allocation des ressources se fasse vers des projets « palpables ». Que pourrait-on faire ? A quel niveau agir ?

1 – Internet. Le réseau diffuse librement, avec toutefois un coût, le savoir aux quatre coins du monde, 24h/24h. Outre l’information scientifique et la communication entre praticiens, internet permet d’apporter une assistance technique à distance, de maintenir la qualité des équipements sur le terrain. Internet demande à être étendu très rapidement, en évitant de perdre du temps et de l’argent dans des grands messes, des « sommets », sans intérêt, comme on vient de l’observer avec la récente réunion mondiale sur la société de l’information. Les rencontres sur la communication et l’intérêt des nouvelles technologies dans le développement des sciences et techniques en direction des pays pauvres, sont superfétatoires, totalement inutiles. Aider à l’installation de connexions à moindre coût pour la communauté scientifique du Sud serait une initiative salutaire.

2 – L’administration d’un grand nombre des pays du Nord impose un renouvellement à intervalle régulier des appareils médicaux des établissements hospitaliers, alors qu’ils fonctionnent encore et peuvent rendre des services. Une convention avec certains établissements pourrait réorienter ces machines, en parfait état et qui fonctionnent en direction des pays du Sud.

3 -Les entreprises du Nord. Le coût des appareils « up to date » est et sera pendant longtemps encore inaccessible à la majorité des scientifiques, et des médecins en Afrique. Certaines options proposées sont d’un intérêt relatif voire non fondées sur des preuves scientifiques. Il importe de concevoir, et de développer des appareils disposant de fonctions fondamentales, « basiques », validées scientifiquement, solides, fiables dénués de sophistications sans intérêt confinant au gadget qui augmentent les prix de vente. L’industrie automobile s’est emparée de ce constat et cible le marché des pays en développement ou émergents sous un angle réaliste. Ainsi, Renault (France) propose actuellement des voitures fiables aux pays du Sud pour un prix de 8 000 euros.

4 – Les entreprises du Sud. Les firmes du Sud peuvent produire des matériels fiables, répondant aux exigences scientifiques à des prix défiant toute concurrence. Ainsi, des valves de dérivations ventriculo-péritonéales conçues sur des bases scientifiques prouvées, produites par des entreprises indiennes sont disponibles à 30 euros au lieu de 1000 euros, prix des modèles commercialisés en Europe et USA par les « majors ».

5 – Les sociétés savantes. L’exemple de la World Federation of Neurosurgical Societies (WFNS) est intéressante et pourrait être copié. En effet, grâce à une collaboration avec une grande société internationale d’instruments médicaux, des sets neurochirurgicaux et des microscopes opératoires de qualité sont vendus à des prix accessibles aux hôpitaux du Sud.

Le débat est ouvert. Mais l’action doit demeurer la règle directrice.





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