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EDITORIAL
 
STRATÉGIE DE DÉVELOPPEMENT DE LA NEUROCHIRURGIE EN AFRIQUE : UNE ESQUISSE (fr)




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Le développement de la neurochirurgie dans les pays en voie de développement représentant 5 milliards d’habitants est fortement entravé par le manque de moyens financiers et techniques. Le fossé s’agrandit de plus en plus entre le Nord et le Sud. Le nombre de neurochirurgiens par habitant en Afrique subsaharienne est de 1 : 6.400.000 habitants, alors qu’un ratio de 1 : 200.000 habitants est admis ! !

La pratique de la neurochirurgie moderne sans une équipe de neuroanesthésie- réanimation, sans scanner, IRM, neuronavigation est difficile. Ces moyens sont coûteux et souvent inaccessibles pour la plupart de la population africaine.

En Afrique, le SMIG moyen d’environ 60 $ est destiné à subvenir aux besoins de base d’environ 10 personnes (alimentation, éducation, santé,…). Un examen TDM coûte entre 60 et 100 $ au tarif dit social ! ! Une intervention pour hernie discale est facturée entre 300 et 1000 $US ! ! Telle est la réalité ! !

Outre le faible pouvoir d’achat de la population, l’accès à certaines techniques courantes est limité aussi par les aléas organisationnels : rupture de stock, maintenance, mauvaise gestion, ….

La plupart des neurochirurgiens des pays en développement sont formés dans les pays du nord et sont totalement désemparés lorsqu’ils retournent dans leur pays compte tenu des conditions de travail locales. Ce désarroi inhibe et paralyse leurs actions. Le solde de leur formation est donc nul. Par ailleurs, il importe de se poser la question de savoir, sans proposer une médecine au rabais, s’il faut calquer le modèle de développement de la neurochirurgie des pays du Nord tant les réalités économiques sont différentes ? Il nous semble qu’il faille proposer des alternatives stratégiques. C’est-à-dire définir des moyens thérapeutiques et diagnostiques fondamentaux permettant de traiter tous les patients en absence de tels ou tels équipements compte tenu de l’absence de ressources financières. Un GROUPE DE TRAVAILsous l’égide de sociétés savantes, Panafrican Association of Neurological Societies (PAANS), World Federations of Neurosurgical Societies (WFNS) en étroite collaboration avec les neurochirurgiens africains et du SUD pourrait se réunir et faire des propositions concrètes en ce sens. Ces propositions devront être le résultat d’une concertation multidisciplinaire associant : neurochirurgiens, neuroradiologues, anesthésiste – réanimateurs, pharmacologues, ingénieurs biomédicaux mais aussi anatomopathologistes, neurophysiologistes, oncologues, infirmier(e)s et partenaires industriels.

Les propositions doivent définir une logistique technique en tenant compte des réalités locales et être établies sur les critères suivants :
• efficacité diagnostique et thérapeutique,
• faible iatrogénicité,
• rapport qualité – prix,
• self made.
• respect de l’éthique médicale

Grâce à leur esprit d’initiative et leur savoir – faire, l’exemple des neurochirurgiens du Zimbabwe est à cet égard tout à fait remarquable. La valve du Dr Levi de type unishunt (Harare) est simple à fabriquer et proposée à un coût de 20 $ . L’exérèse de tumeurs intra-médullaires en 2 temps réalisée par le Dr Kalangu sans utilisation de bistouri ultrasonique avec de bons résultats mérite d’être louée.

Il faut aussi louer l’action des Drs Choux et Samii qui en collaboration avec un fabricant de matériel médical de réputation mondiale ayant consenti un ajustement financier ont permis de commercialiser un matériel à un coût très abordable : valves, boîtes de crâne, boîtes de rachis avec les instruments de base.





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