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CLINICAL STUDIES / ETUDES CLINIQUES
 
COMPLICATIONS DE L’ÉPAULE DE L’HÉMIPLÉGIQUE VASCULAIRE : PRÉVALENCE ET FACTEURS ASSOCIÉS AU SEIN D’UNE POPULATION DE CÉRÉBROLÉSÉS VASCULAIRES AU CHU D’ABIDJAN (CÔTE D’IVOIRE)

COMPLICATIONS OF THE SHOULDER IN VASCULAR HEMIPLEGICS SUBJECTS: FREQUENCY AND ASSOCIATED FACTORS IN A TEACHING HOSPITAL IN ABIDJAN (CÔTE D'IVOIRE)


  1. Service de rééducation fonctionnelle CHU de Cocody BP V 13 Abidjan Côte d’Ivoire
  2. Service de Neurologie, CHU de Cocody, BP V 13 Abidjan 01, Côte d’Ivoire.

E-Mail Contact - DATIE Ange-Michel : ange_datie@yahoo.fr


RESUME

Objectif

Evaluer la fréquence des complications de l’épaule de l’hémiplégique vasculaire et identifier les facteurs associés à ces complications

Méthodes

C’est une étude prospective réalisée entre Juin et Octobre 2005 au Centre hospitalo-universitaire de Cocody (Abidjan, Cote d’Ivoire). Elle concerne des patients admis en consultation de rééducation fonctionnelle (RF) ou en hospitalisation de neurologie.

Résultats

Cinquante patients âgés en moyenne de 56,6 ± 13,4 ans (extrêmes de 29 et 85 ans) avec un sexe ratio de 1,17 en faveur des femmes, recrutés le plus souvent en RF (60%) ont été inclus dans cette étude. Ils avaient un accident vasculaire cérébral (AVC) principalement ischémique (72%), qui évoluait en moyenne depuis 11,3 ± 12,9 semaines. Parmi eux 28 (56%) avaient une complication de l’épaule qui était : une douleur (DL, n=25), un syndrome épaule-main (SEM, n=10) ou une subluxation (SUB, n=18). Ces complications étaient associées dans 46,4% des cas. Ces patients étaient plus âgés, avaient un AVC plus ancien, un index moteur du membre supérieur plus faible mais un niveau d’autonomie globale semblable à celui des patients sans complications. Ni l’âge, ni la durée d’évolution de l’AVC n’était différent selon le type de complication diagnostiqué. La fonctionnalité était associé à la SUB (dans 72,2% des SUB le Frenchay arm test était égal à 0 vs 37,5% chez les patients sans SUB p=0,02) tandis que le tonus des adducteurs du bras était associé à la DL (dans 40% des DL le tonus des adducteurs était égal à 1 vs 84% chez les patients ne présentant pas de DL p=0,006).

Conclusion

L’épaule douloureuse de l’hémiplégique est donc une complication fréquemment retrouvée dans notre étude. Des études ultérieures seront utiles pour conforter la fréquence de ces complications, l’impact des différents facteurs qui semblent s’y associer et analyser les possibilités de prise en charge tant curative que préventive dans notre milieu.

Mots clefs: AVC; épaule douloureuse; subluxation glénohumérale; Afrique


ABSTRACT

Objective

To assess the frequency of shoulder complications among subjects with vascular hemiplegia and to identify factors associated with these complications.

Methods

Conducted between June and October 2005 at the teaching hospital of Cocody (Abidjan, Cote d’Ivoire), this prospective survey concerned outpatients of rehabilitation unit (FS) and inpatients of neurology unit.

Results

Fifty patients with an average age of 56.6 ± 13, 4 years (ranged from 29 to 85), a sex ratio of 1.17 in favour of females, mainly recruited in the rehabilitation unit (60%) were included in this study. They had a stroke, mainly ischemic (72%), which progressed in average for 11, 3 ± 12.9 weeks. Among them 28 (56%) had a shoulder complication which was: a shoulder pain (SP, n=25), a shoulder-hand syndrome (n=10), or a glenohumeral joint subluxation (SUB, n=18). These complications were associated in 46.4% of cases. These patients were older, had a stroke progressing for a more long time, a lower pectoral limb motor index but a global self-sufficiency not different from the one of patients without shoulder complications. Neither age nor stroke progress duration was different according to the type of complication diagnosed. The functionality was associated with SUB (in 72,2% of SUB cases the Frenchay arm test was null vs 37,5% among patients without SUB p=0.02) while tonus was associated with pain (in 40% of SP cases the spasticity was scored 1 at the Aswhorth scale vs 84% among patients without SP p=0.006).

Conclusion

In our study hemiplegic shoulder pain were predominant. Further studies will be necessary in order to precise the prevalence of these complications, the relations with variable factors and to discuss the treatment best adapted to our social and professional environment.

Key words: Stroke ; Shoulder pain ; Shoulder-hand syndrome, Glenohumeral joint subluxation; Africa

INTRODUCTION

L’épaule de l’hémiplégique apparaît comme une articulation particulièrement vulnérable. En effet, la douleur de l’épaule, la subluxation glénohumérale et l’algodystrophie du membre supérieur sont des complications fréquemment décrites chez l’hémiplégique [5, 9, 13, 15, 17, 19, 20, 24]. Ces complications sont souvent concomitantes mais les liens qui les unissent restent encore à élucider totalement. Leur retentissement fonctionnel en termes de déficiences surajoutées et de majoration d’incapacité justifie l’attention particulière consacrée à cette articulation au travers des nombreux travaux réalisés. La détermination des facteurs associés à ces complications devrait permettre de mettre en œuvre des mesures thérapeutiques plus efficaces sur le plan préventif et curatif. Si quelques travaux africains ont étudié les conséquences fonctionnelles des hémiplégies vasculaires [4, 6, 12, 16, 22, 25], les complications de l’épaule de l’hémiplégique ne semblent pas avoir fait l’objet d’un intérêt particulier. Les conditions particulières de prise en charge de ces patients dans notre milieu de vie et de travail pourraient faire apparaître des facteurs spécifiques utiles à la compréhension de ces complications et à leur traitement. L’objectif principal de notre travail était d’évaluer la fréquence des complications de l’épaule de l’hémiplégique vasculaire ; secondairement d’identifier les facteurs associés à ces complications.

1. MATÉRIEL ET MÉTHODES

1.1. Patients et méthode: C’est une étude prospective qui a concerné les patients hémiplégiques recrutés dans le service de neurologie et dans le service de rééducation fonctionnelle du CHU de Cocody à Abidjan pendant la période s’étendant de juin 2005 à octobre 2005. Le seul critère d’inclusion était l’existence d’un accident vasculaire cérébral (AVC) confirmé par la tomodensitométrie cérébrale (TDM). Ont été exclus de cette étude les sujets présentant des troubles de la vigilance ou des troubles de la compréhension empêchant la réalisation correcte des différentes consignes nécessaires à l’évaluation clinique et fonctionnelle. Les patients ont fait l’objet d’une évaluation unique qui comportait le recueil de données socio-démographiques, les caractéristiques de l’AVC (nature et siège définis par la tomodensitométrie cérébrale, date de survenue), les complications de l’épaule du coté hémiplégique et le retentissement fonctionnel de cet AVC. Les complications de l’épaule qui ont été recherchées étaient : douleur (échelle visuelle analogique : EVA), subluxation gléno-humérale (appréciation clinique : inspection et palpation), syndrome épaule-main (douleur épaule + douleur ou troubles trophiques de la main).
Le tonus du membre supérieur a été évalué par l’échelle d’Ashworth [2] sur les fléchisseurs du coude et les adducteurs du bras. La motricité de l’hémicorps controlatéral à la lésion cérébrale a été appréciée par l’index moteur de Demeurisse [10], les capacités de préhension par le Frenchay Arm Test [14] et l’autonomie par l’index de Barthel [18]. L’autonomie globale du sujet a été définie en trois stades selon l’index de Barthel : sujet grabataire (score de 0 à 20), sujet dont l’autonomie ne permet pas un retour à domicile (score de 25 à 60), sujet dont l’autonomie permet un retour à domicile (score ≥ 65). Au membre supérieur, la motricité a été cotée selon l’index moteur de Demeurisse que nous avons analysé selon 3 classes (0 à 25 ; 26 à 50 ; 51 à 100).

1.2. Analyse statistique. La saisie des données et l’analyse statistique ont été réalisées à l’aide du logiciel SPSS 9. Les données des variables quantitatives sont représentées par leur moyenne avec entre parenthèses le 1er quartile, la médiane et le 3e quartile et les valeurs extrêmes (Q1, médiane, Q3, min et max). Les variables qualitatives sont représentées en pourcentages. Les comparaisons de pourcentage ont été faites par un test de Chi2 ou un test de Fisher (en cas d’effectif inférieur ou égal à 5) et celle des variables quantitatives par une analyse de la variance. Ces comparaisons ont permis de rechercher des facteurs associés à la présence des principales complications de l’épaule diagnostiquées dans notre échantillon. Le risque (Odds Ratio = OR) de présence de ces complications associé à certaines variables a été estimé à l’aide de modèles statistiques de régression logistique. Pour toutes ces analyses le seuil de signification du risque de première espèce a été fixé à 5%.

2. RÉSULTATS

Il s’agissait de 50 patients dont 27 femmes (F) et 23 hommes (sexe ratio de 1,17 en faveur des F), âgés en moyenne de 56,6 ± 13,4 ans, majoritairement droitiers (98%). Trente patients (60%) ont été recrutés dans le service de rééducation fonctionnelle et vingt (40%) dans le service de neurologie. L’ancienneté de l’AVC était de 14,6 jours en moyenne pour les patients en cours d’hospitalisation dans le service de neurologie contre 122,7 jours en moyenne pour les autres. Les patients recrutés en hospitalisation de neurologie étaient différents de ceux recrutés en rééducation fonctionnelle en plusieurs points : leur AVC était plus récent, ils avaient un déficit moteur plus important, notamment au membre supérieur et étaient moins autonomes. Les détails de leurs caractéristiques respectives sont présentés sur le tableau I.

Au total 28 patients (56%) avaient au moins l’une des principales complications recherchées: une douleur (DL : 25 patients soit 50% au total; 70% en ambulatoire et 20% en hospitalisation), un syndrome épaule-main (SEM : 10 patients, uniquement chez les patients vus en ambulatoire, soit 20% de l’ensemble des patients ou 40% des patients présentant une douleur de l’épaule) ou une subluxation (SUB : 18 patients soit 36% au total; 43,3% en ambulatoire et 25% en hospitalisation). Les douleurs étaient spontanées et exacerbées par la mobilisation de l’épaule chez 4 patients. Elles étaient uniquement provoquées par la mobilisation de l’épaule et le décubitus latéral du côté hémiplégique chez 21 patients. L’intensité de la douleur variait de 2 à 9/10 et était supérieure à 4/10 chez 18 patients. Sur 18 cas de subluxation au total, 15 cas (83,33%) étaient associés soit à une douleur isolée de l’épaule soit à un syndrome épaule-main. Le tableau II présente les principales caractéristiques des patients répartis selon la présence de complications. Il montre que les sujets qui ont ces complications étaient en moyenne plus âgés (p = 0,03), avaient un AVC plus ancien (p = 0,0004), un index moteur du membre supérieur plus faible (p = 0,02) mais un niveau d’autonomie globale semblable (p = 0,6) à celui des sujets sans complications. Le syndrome épaule-main concernait des patients dont la moyenne d’âge (61 ± 11,9 ans pour n=10) n’était pas différente de celle des patients qui avaient une douleur sans syndrome épaule-main (61,06 ± 10,7 ans pour n=15). La durée moyenne d’évolution de l’AVC était respectivement de 161 ± 125,1 jours (Q1= 68, médiane = 107, Q3 = 304, min = 48 et max = 357) soit environ 23 ± 17,8 semaines pour le syndrome épaule-main; 123,2 ± 107,5 jours (Q1 = 48, médiane = 83, Q3 = 169, min = 7 et max = 357) soit environ 17,6 ± 16,6 semaines pour les autres douleurs de l’épaule et 132,7 ± 122,0 jours (Q1= 18, médiane = 103, Q3 = 252, min = 7 et max = 357) soit environ 18,8 ± 17,4 semaines pour la subluxation. Ces délais moyens d’évolution de l’AVC ont été comparés deux à deux selon la présence des différentes complications et aucune différence statistiquement significative n’a été notée (SEM vs DL p=0,37, SEM vs SUB p = 0,56, DL vs SUB p= 0,79).

En raison du faible effectif de patients souffrant d’un syndrome épaule-main, la recherche de facteurs associés à cette complication n’a pas été effectuée. En ce qui concerne la douleur et la subluxation, le tableau III montre que ni la spasticité des fléchisseurs ni l’index de Barthel n’était différent selon la présence ou non d’une douleur ou la présence ou non d’une subluxation. Par contre, la spasticité des adducteurs était significativement plus importante chez les patients présentant une douleur de l’épaule. De même, l’index moteur du membre supérieur et le score au Frenchay arm test étaient significativement plus bas en présence d’une subluxation de l’épaule. Dans un modèle de régression multivarié incluant, l’âge, la durée de l’AVC, la probabilité d’avoir une subluxation était réduite de 36% (OR = 0,64 ; IC95% = 0,46 – 0,91) lorsque le score de Frenchay augmentait de 1 point et était augmentée de 2% (OR = 1,02 ; IC95% = 1,005 – 1,03) lorsque la durée d’évolution de l’AVC augmentait d’un jour. La spasticité des adducteurs était associée à la présence d’une DL (cotée à 1 chez 84% des patients sans DL vs 40% en présence de DL). Dans le modèle de régression, le risque de présence d’une DL était accru par la durée d’évolution de l’AVC (OR = 1,02 IC95%= 1,01 – 1,04). Lorsque la cotation du tonus des adducteurs augmentait d’un point, ce risque de DL était également accru, mais cet accroissement de risque de DL associée à ce tonus n’était cependant pas statistiquement significatif (OR= 1,79 IC95%= 0,67 – 4,75). Les antécédents médicaux ne permettaient pas de différencier les patients présentant une douleur de l’épaule de ceux qui n’en présentaient pas. (Tableau IV)

3. COMMENTAIRES

Il ressort de cette étude que les complications de l’épaule sont fréquentes au sein de la population d’hémiplégiques vasculaires étudiée. L’épaule douloureuse représente l’essentiel de ces complications puisqu’elle est retrouvée chez 50% des patients. De façon plus précise, cette fréquence est de 70% chez les patients suivis en rééducation ambulatoire (délai moyen post-AVC de 122.7 jours) et seulement de 20% chez les patients hospitalisés (délai moyen post-AVC de 14.6 jours). Il existe donc une variabilité des chiffres selon la période d’inclusion des patients, expliquant ainsi le large intervalle rapporté dans la littérature. A période comparable, Dromerick et al [11] retrouvaient une fréquence de 37% de douleurs spontanément évoquées dans une population de 46 hémiplégiques inclus à un délai moyen de 18.9 jours. Brocklehurst et al cités par Turner et al [23 ] rapportaient une fréquence de 16% de douleurs de l’épaule au sein d’une population de 135 patients vus à deux semaines post-AVC. Les douleurs sont retrouvées beaucoup plus fréquemment à la période secondaire et la fréquence de 70% observée dans notre étude après un délai moyen de 4 mois est conforme à la prévalence consensuelle de 70% proposée dans la littérature [5]. Cette fréquence était de 63.5% pour Aras et al [1] au sein d’une population d’hémiplégiques admis en centre de rééducation après un délai de plus de 4 à 6 semaines. Si elles apparaissent plus fréquentes avec le temps, les douleurs peuvent cependant survenir précocement. En effet, 20% des patients vus en hospitalisation initiale présentaient des douleurs au niveau de l’hémicorps paralysé. Les mesures de prévention des douleurs de l’épaule et un traitement antalgique efficace sont donc justifiés dès la phase précoce de l’AVC [26].

Un démembrement de ces épaules douloureuses a été proposé par Ryerson et Levit, cités par Bender [3], qui distinguaient quatre classes : douleurs d’origine articulaire pouvant être en rapport avec une subluxation, douleurs d’origine musculaire liées à la spasticité, douleurs par dérèglement sensitif central, douleurs du syndrome épaule-main.

Chez 20% des patients, les douleurs se présentaient dans un tableau de syndrome épaule-main. Si le syndrome épaule-main est la forme clinique la plus caractéristique de l’algodystrophie ou syndrome douloureux régional complexe (SDRC) de type 1 de l’hémiplégique, il n’en constitue pas le seul mode d’expression. L’existence de formes unipolaires et la variabilité des critères diagnostiques selon les auteurs expliquent le fait que la prévalence de l’algodystrophie apparaisse également très variable : 12.5 à 28% [23] ou 23 à 70% [7]. Son étiologie est encore incertaine mais probablement multifactorielle et son traitement nécessite des mesures combinées [21, 26]. Daviet et al [7] retrouvaient 40% d’algodystrophie à un délai moyen post-AVC de 16 jours. Ces cas d’algodystrophie incluaient à la fois des syndromes épaule-main et des formes unipolaires (atteinte isolée de l’épaule). Le diagnostic a été établi à partir de l’existence d’au moins deux des symptômes suivants : douleur, troubles vasomoteurs et trophiques, limitation articulaire. Aras et al [1] ont pour leur part retrouvé 29.4% d’algodystrophie à partir des critères de Tepperman et Davis. Ces algodystrophies concernaient 46.3% des patients souffrant de douleurs de l’épaule. Aucun de nos patients ne présentait de douleurs évocatrices d’une hyperpathie thalamique ou s’intégrant dans un syndrome pariétal. Dans notre étude, la spasticité des adducteurs du bras et la présence d’une douleur à l’épaule apparaissaient liées. Par ailleurs, la subluxation gléno-humérale était le facteur le plus fréquemment associé aux douleurs. La subluxation de l’épaule constituait, après les douleurs, la seconde complication retrouvée. Sa prévalence globale de 36% se situe également dans le large intervalle de 17 à 81% rapporté dans la littérature [20]. Cette prévalence varie en fonction de l’approche diagnostique de la subluxation. Les chiffres les plus élevés sont obtenus avec le diagnostic radiographique [20]. Daviet et al [8], utilisant le dépistage radiographique retrouvaient une prévalence de 32% de subluxation glénohumérale au sein d’une population de 57 hémiplégiques vasculaires ayant un délai moyen post AVC de 15 jours. Pour un délai similaire dans notre étude (patients vus en hospitalisation), la prévalence était de 25% sur la base d’un diagnostic clinique. Le facteur clinique significativement associé à la subluxation était le déficit moteur. Cela est constaté également dans la littérature [8, 20]. La fréquente association subluxation-douleurs pose le problème du rôle joué par la subluxation dans la genèse des douleurs de l’épaule chez l’hémiplégique. Pour plusieurs auteurs, l’existence de double dissociation (subluxation sans douleur ou de douleur de l’épaule sans subluxation) rend incertains les liens de causalité entre ces deux complications [5, 7]. La subluxation serait plutôt un facteur indirect, non suffisant isolément dans la survenue des douleurs de l’épaule chez l’hémiplégique [5].
L’épaule douloureuse et la subluxation sont deux complications fréquemment retrouvées dans notre environnement de travail. Les facteurs cliniques associés restent difficiles à identifier de façon formelle. La responsabilité, dans la survenue de ces complications, du rôle majeur de non professionnels de la santé (la famille) dans le nursing, la manutention des malades et les soins à domicile dans notre milieu n’a pu être précisée dans cette étude. Une attention particulière doit être toutefois accordée à ces complications dans le cadre de la prise en charge de l’hémiplégique, dès la phase initiale et tout au long de l’évolution [26].

Tableau I: Principales caractéristiques des patients répartis selon le lieu de recrutement / Main patient’s characteristics according to the unit of recruitment

Variables qualitatives HN (N=20) RF (N=30) Total (N=50)
n % n % n %
Sexe féminin 12 60,0 15 50,0 27 54
Hémiplégie droite 11 55,0 15 50,0 26 52
AVC ischémique 12 60,0 23 76,7 35 70
Durée de l’AVC (jours)
≤ 14 9 45,0 0 00,0 9 18,0
> 14 et ≤ 28 11 55,0 1 03,3 12 24,0
> 28 et ≤ 56 0 00,0 7 23,3 7 14,0
> 56 et ≤ 84 0 00,0 10 33,3 10 20,0
> 84 et ≤ 112 0 00,0 5 16,7 5 10,0
> 112 0 00,0 7 23,3 7 14,0
Index de Barthel
0 à 20 1 5,0 3 10,0 4 8,0
20 à 60 17 85,0 9 30,0 26 52,0
≥ 65 2 10,0 18 60,0 20 40,0
Variables quantitatives HN (N=20) RF (N=30) Total (N=50)
Age (ans)
Moyenne ± écart type 57,6 ± 12,6 56 ± 14,2 56,6 ± 13,4
Extrêmes 32 – 75 29 – 85 29 – 85
Durée de l’AVC (jours)
Moyenne ± écart type 14,6 ± 5,6 122,7 ± 95,1 79,5 ± 90,6
Extrêmes 5 – 28 27 – 357 5 – 357
Index de Barthel
Moyenne ± écart type 40,5 ± 18,6 66 ± 30,2 55,8 ± 28,9
Extrêmes 15 – 95 5 – 100 5 – 100
Index moteur
Moyenne ± écart type 39,3 ± 32,8 47,1± 26,1 44 ± 28,9
Extrêmes 1 – 100 1 – 77 1 – 100

HN= Hospitalisation de neurologie

RF= Rééducation Fonctionnelle

Tableau II: Caractéristiques des patients répartis selon la présence de complications de l’épaule / Patients characteristics according to the presence of shoulder complications

Complications Pas de complications p
Variables qualitatives N/22 % N/28 %
Sexe féminin 11 50,0 16 57,4 0,61
Hémiplégie droite 11 50,0 15 53,7 0,80
AVC ischémique 12 54,5 23 82,1 0,03
Durée de l’AVC (jours)
≤ 14 7 31,8 2 7,1 0,003+
> 14 et ≤ 28 8 36,4 4 14,3
> 28 et ≤ 56 4 18,2 3 10,7
> 56 et ≤ 84 2 9,1 8 28,6
> 84 et ≤ 112 1 4,5 4 14,3
> 112 0 0,0 7 25,0
Index de Barthel
0 à 20 1 4,6 3 10,7 0,32
20 à 60 14 63,6 12 42,9
≥ 65 7 31,8 13 46,4

Variables quantitatives Complications Pas de complications
Age (ans)
Moyenne ± écart type 52,1 ± 14,7 60,2 ± 11,4 0,03
Extrêmes 29 – 75 35 – 85
Durée de l’AVC (jours)
Moyenne ± écart type 30,4 ± 30,3 118,1 ± 103,4 0,0004
Extrêmes 5 – 141 7 – 357
Index de Barthel
Moyenne ± écart type 53,6 ± 28,3 57,5 ± 29,8 0,6
Extrêmes 15 – 100 5 – 100
Index moteur
Moyenne ± écart type 54,6 ± 27,8 35,7± 27,4 0,02
Extrêmes 1 – 100 1 – 7

+ pour cette comparaison les deux dernières catégories ont été regroupées

Tableau III: Caractéristiques des patients répartis selon la présence ou non de douleurs ou de subluxation de l’épaule / Patients characteristics according to the presence of shoulder pain or subluxation

Douleur Subluxation
Non n =25 Oui n= 25 p Non n = 32 Oui n = 18 p
Index moteur
Moyenne ± écart type 50,2 ± 29,9 37,8 ± 27,8 0,13 51,7 ± 27,1 30,2 ± 27,5 0,01
0 à 25 n (%) 6 (24,0) 9 (36,0) 0,36 7 (21,8) 8 (44,4) 0,01
26 à 50 3 (12,0) 5 (20,0) 3 (9,4) 5 (27,8)
51 à 100 16 (64,0) 11 (44,0) 22 (68,6) 5 (27,8)
Index de Barthel
Moyenne ± écart type 59,6 ± 29,2 52,0 ± 28,7 0,36 57,5 ± 28,8 52,7 ± 28,5 0,58
0 à 20 n (%) 2 (8) 2 (8) 0,49 2 (6,3) 2 (11,1) 0,83
25 à 60 15 (60) 11 (44) 17 (53,1) 9 (50,0)
≥65 8 (32) 12 (48) 13 (40,6) 7 (38,9)
Frenchay arm test = 0 n (%) 11 (44) 14 (56) 0,39 12 (37,5) 13 (72,2) 0,02
Spasticité des adducteurs
1 n (%) 21 (84,0) 10 (40,0) 0,006 21 (65,6) 10 (55,6) 0,58
2 1 (4,0) 9 (36,0) 5 (15,6) 5 (27,8)
3 – 4 3 (12,0) 6 (24,0) 6 (12,8) 3 (16,7)
Spasticité des fléchisseurs
1 n (%) 15 (60,0) 8 (32,0) 0,12 16 (50,0) 7 (38,5) 0,39
2 4 (16,0) 5 (20,0) 4 (12,5) 5 (27,8)
3 – 4 6 (24,0) 12 (48,0) 12 (37,5) 6 (33,7)

Tableau IV : Antécédents médicaux des patients selon la présence ou non d’une douleur de l’épaule / Medical history of patients with or without shoulder pain

Antécédents Douleur (n=25) Pas de douleur (n=25)
HTA 19 19
Diabète 4 6
Hyperthyroïdie 1 1
Epaule douloureuse 2 0
Prise d’antalgiques 3 2

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