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EDITORIAL
 
FINANCEMENT DE LA SANTE : DEVOIR D’EFFICIENCE ET DEVOIR DE SOLIDARITE




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Les Etats-Unis d’Amérique (USA), pays le plus riche du monde, allouent 15 % de leur PIB aux dépenses de santé. Aucun pays au monde ne dépense autant d’argent pour son système de soins. En 2002, les USA ont consacré 5267 euros de dépenses de santé par habitant, l’Allemagne 2807 euros, la France 2736 euros, la Grande-Bretagne (GB) 2160 euros, et le Japon 2077 euros (OCDE, 2004). On pourrait croire que les bénéfices obtenus en termes d’accessibilité et d’équité, c’est-à-dire la « capacité du système à permettre que toute personne de la population ait un accès garanti à un ensemble minimal de services appropriés, répondant à ses besoins, sans discrimination de race, sexe, âge, groupe ethnique ou religieux, niveau socioéconomique… » soient les meilleurs du monde. Il n’en est rien. En effet, 15% de la population ne dispose pas d’une assurance maladie malgré le Medicare et Medicaid, soit 45 millions d’habitants !! Les indicateurs de santé ne sont pas les meilleurs au monde: morbidité, mortalité, … Et l’on constate, malgré les limites des comparaisons internationales en terme de performance des systèmes de santé, que le Japon, la GB, la France, la RFA avec respectivement 7,8 %, 7,7% , 9,7 %, 10,5 % de leur PIB, offrent des perspectives meilleures au plan de l’accessibilité et de l’équité (OMS, 2000).
Les causes de cet échec des USA sont multiples et complexes et demanderaient un long développement. Elles sont essentiellement liées au modèle libéral qui rejette les modèles « bismarckiens » et « beveridgiens », basés respectivement sur des cotisations sociales obligatoires et sur l’impôt, adoptés par les pays sus – cités. On peut toutefois souligner l’absence de réelle volonté politique, sur fond de collusion passive de la population, encadrée par de puissants lobbies financiers, qui rejettent l’édification d’un véritable socle de solidarité unissant l’ensemble de la population, pour faire face à la maladie. La quête permanente de bénéfices pécuniers, consubstantielle aux théories néolibérales, y compris dans le domaine de la santé, se solde en définitive par un échec car balayant d’un revers de la main la nécessaire solidarité entre les hommes.

Les pays du Sud disposent de peu de moyens financiers pour faire face à la problématique du financement de la santé et l’optimalisation des ressources financières est et doit rester la ligne directrice et le leitmotiv de toute politique sanitaire. Mais il convient d’y intégrer comme « facteur économique », la solidarité humaine, en particulier entre les générations. Toutes les études stigmatisent le pic des dépenses de santé observé lors de la fin de la vie, compte tenu de la forte mobilisation des ressources médicales, techniques et humaines grevant ainsi significativement les budgets dédiés à la santé. Toutefois, à cet égard, l’exemple du Japon est instructif et édifiant. En effet, dans ce pays, la proximité familiale, la prise en charge des soins de nursing par les proches est une des causes de l’efficience de leur gestion. Les pays du Sud où le concept de la famille n’est pas un vain mot et où les anciens ont une place de choix, peuvent trouver ainsi un exemple réconfortant du rôle déterminant de la solidarité, à travers la culture, sur la finance.





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