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L’étude récente de l’Institut de recherche et de développement (IRD)[1] intitulée « Diaspora scientifique : comment les pays en développement peuvent-ils tirer parti de leurs chercheurs et de leurs ingénieurs expatriés ? » interpelle tous les acteurs et spectateurs de la scène scientifique africaine. Les chiffres cités mettent dramatiquement à nu la pénurie d’hommes et de femmes susceptibles de s’investir dans la recherche au profit de ce continent qui a du mal à s’amarrer à la modernité. En effet, l’Afrique, où vit 10 % de la population mondiale, ne représente que 0,7 % des publications scientifiques mondiales, et 0,1 % des dépôts de brevets technologiques [2] . Par ailleurs, au moins 600.000 chercheurs et ingénieurs originaires d’Afrique, d’Amérique latine, d’Inde ou de Chine travaillent aux Etats-Unis, en Europe ou au Japon. Deux tiers des étudiants venus se former dans un pays du Nord y restent définitivement. « L’afflux des cerveaux du Sud vers le Nord est un phénomène massif et durable » avertit la Direction générale de la coopération internationale et du développement [3] .

Les travaux de recherche des pays du Nord portent prioritairement sur des domaines essentiels pour leurs intérêts nationaux. La philanthropie n’est pas de mise et seul compte le bien-être des populations de ces pays. L’accélération du processus de mondialisation n’influe aucunement sur une triste réalité : les laboratoires de recherche de l’hémisphère Nord se « soucient comme d’une guigne » des problèmes spécifiques à l’hémisphère Sud. Les exemples abondent. Il suffit de rappeler le cas de la lutte contre les maladies parasitaires, notamment le paludisme. Cette maladie affecte près de 41% de la population mondiale, soit 2,3 milliards de personnes, et elle tue chaque année 1,5 à 2,7 millions de personnes, dont 1 million d’enfants de moins de 5 ans. Et pourtant, aucune amorce de solution n’a encore été ébauchée face à ce fléau de santé publique.

Pour le chercheur expatrié, l’exode vers les pays du Nord, pour des raisons économiques, socio-politiques, scientifiques, ou familiales est souvent vécu comme un véritable déchirement. Le cœur et la raison interprètent cet éloignement comme un délit de non-assistance à personnes en danger. Mais une nouvelle approche émerge et la diaspora scientifique, qui était considérée comme une « perte sèche » pour le Sud, devient un atout pour les pays d’origine [4] .. Ainsi, les réseaux de chercheurs d’origine sud-américaine ont démontré que leur contribution au développement du pays d’origine peut être importante. Cette contribution peut prendre diverses formes : envoi de matériel et de documentation aux universités et aux centres de recherche locaux, identification de domaines d’études, mise en place de programmes tenant compte des possibilités scientifiques du pays d’origine, organisation de séminaires de formation, participation à des enseignements, accueil d’étudiants, montage de travaux de recherche, services consultatifs, etc.

Le monde scientifique africain doit s’inspirer de ces actions. A cet égard, il importe de mettre en place et d’activer un réseau de scientifiques de la diaspora africaine. La diffusion d’un Manifeste sur internet aiderait à l’élaboration d’une plate-forme d’action mobilisant des équipes autour de projets portant sur des thématiques de recherche appliquée traitant de spécificités africaines.


  1. Collectif, IRD, 2003.
  2. Roland WAAS, L’état des sciences en Afrique, DGCID, 2002.
  3. Ibidem
  4. Ibidem



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