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ORIGINAL PAPERS / ARTICLES ORIGINAUX
 
EPIDEMIOLOGIE ET FACTEURS ASSOCIES A LA MAUVAISE QUALITE DE VIE EN SUIVI POST-ACCIDENT VASCULAIRE CEREBRAL A LA CLINIQUE UNIVERSITAIRE DE NEUROLOGIE DU CNHU-HKM EN 2022

EPIDEMIOLOGY AND PREDICTORS OF POOR QUALITY OF LIFE IN POST-STROKE FOLLOW-UP AT THE CNHU-HKM UNIVERSITY NEUROLOGY CLINIC IN 2022


  1. Clinique Universitaire de Neurologie du CNHU-HKM, 01 BP386 Cotonou, Benin
  2. Service de Neurologie du CHD Parakou
  3. Clinique Universitaire de Médecine Physique et de Réadaptation, CNHU-HKM Cotonou
  4. Clinique Universitaire de Médecine Interne, CNHU-HKM Cotonou
  5. Clinique Universitaire de Rhumatologie, CNHU-HKM Cotonou

E-Mail Contact - HOUEZE R : houezer3@yahoo.fr


RESUME

Introduction : L’AVC constitue un véritable problème de santé publique à travers le monde. De par les séquelles physiques et / ou psycho-cognitives qu’entraine cette pathologie, il s’ensuit un réel bouleversement dans la vie des patients ce qui altère irrémédiablement leur qualité de vie. L’objectif de notre étude était d’évaluer le handicap physique et la qualité de vie en post -AVC dans la Clinique Universitaire de Neurologie du CNHU- HKM en 2022.

Méthodes : il s’agissait d’une étude transversale de type descriptive et analytique qui s’est déroulée du 25 Juillet au 28 Octobre au CNHU. Nous avons fait un recrutement exhaustif de tous les patients ayant fait un AVC datant d’au moins un mois et qui ont consulté pendant cette période d’étude en neurologie pour suivi post-AVC.

Résultats : Nous avons inclus 77 patients d’AVC de survenue datant d’au moins un mois. L’âge moyen des patients était de 57,74ans avec des extrêmes de 30 et 87 ans. La tranche d’âge des [50-69 ans] était la plus représentée (46%). Le sex ratio était de 1,49. Il a été noté 15,58% de handicap avec 53,25% de handicap léger, 20,78% de handicap moyen et 10,39% de handicap était sévère. De même, 54,55% des patients étaient dépendants avec 15,58% de dépendance légère, 32,47% de dépendance modérée, 5,19 % de dépendance sévère et 1,30% de dépendance totale. On retrouve 44,15% de mauvaise qualité de vie. Etaient associés significativement à la qualité de vie, la reprise des activités socio-professionnelles, la rééducation fonctionnelle, le niveau de sévérité de l’AVC, le degré du handicap et le degré de dépendance fonctionnelle.

Conclusion : Cette étude a révélé que le handicap, le degré de sévérité de l’AVC sont autant de paramètres mesurables qui altèrent la qualité de vie au quotidien des survivants d’AVC. La faible fréquence de la rééducation est associée à une mauvaise qualité de vie.

Mots clés : AVC – Bénin – Qualité de vie.

 

 

ABSTRACT

Introduction: Stroke is a real public health problem throughout the world. Due to the physical and/or psycho-cognitive sequelae that this pathology causes, it results in a real disruption in the life of patients, which irreparably alters their quality of life. The objective of our study was to evaluate the physical handicap and the quality of life in post-stroke in the University Clinic of Neurology of the CNHU- HKM in 2022.

Methods: This was a cross-sectional study of descriptive and analytical type which took place from July 25 to October 28 at the CNHU. We made an exhaustive recruitment of all patients who had a stroke of at least one month and who consulted during this study period in neurology for post-stroke follow-up.

Results: We included 77 stroke patients whose onset was at least one month old. The mean age of the patients was 57.74 years, with extremes of 30 and 87 years. The [50-69] age group was the most represented (46%). The sex ratio was 1.49. The disability rate was 15.58%, with 53.25% mild, 20.78% moderate and 10.39% severe. Similarly, 54.55% of patients were dependent, with 15.58% mildly dependent, 32.47% moderately dependent, 5.19% severely dependent and 1.30% totally dependent. Poor quality of life accounted for 44.15%. Quality of life was significantly associated with resumption of socio-professional activities, functional rehabilitation, level of stroke severity, degree of disability and degree of functional dependence.

Conclusion: This study revealed that disability and the degree of stroke severity are measurable parameters that affect the daily quality of life of stroke survivors. Low frequency of rehabilitation is associated with poor quality of life.

Key words: Benin – Quality of life – Stroke.

 

INTRODUCTION

L’accident vasculaire cérébral (AVC) constitue l’une des principales menaces pour la santé dans le monde [9].

De par les séquelles physiques et / ou psycho-cognitives qu’entraine cette pathologie, il s’ensuit un réel bouleversement dans la vie des patients ce qui altère irrémédiablement leur qualité de vie. [10].

La mesure de la qualité de vie est un outil d’auto-évaluation du vécu de la pathologie par le malade lui-même utilisé dans les pathologies chroniques mais aussi un pilier important de la prise en charge des patients victimes d’AVC [23].

Les conséquences des AVC sur la qualité de vie sont sous-estimées et mal caractérisées. Après un AVC, la qualité de vie est amputée d’environ 60% au cours des cinq années qui suivent [19].

Aux Etats-Unis, selon l’étude de Northern Manhattan, les séquelles cliniques consécutives à cette pathologie et les complications qui en découlent, peuvent persister et se répercuter sur la qualité de vie. Dans cette étude, la qualité de vie diminuait annuellement jusqu’à 5 ans après un AVC chez les survivants, sans récidive ou infarctus du myocarde et indépendamment des autres facteurs de risque. L’index de qualité de vie a diminué et a été associé à l’âge, à l’humeur, à la sévérité d’attaque, à l’incontinence urinaire, à l’état fonctionnel, à la cognition et à la latéralité d’AVC [7]. L’AVC du sujet africain, garde ses particularités évolutives avec un pronostic plus réservé et une altération profonde de la qualité de vie n’épargnant aucun domaine [6].

La qualité de vie des patients après un AVC fait ressortir l’impact de la maladie sur la vie quotidienne. Bien que les troubles de l’équilibre et de la mémoire soient les plus fréquemment observés, toute autre fonction, motrice ou cognitive notamment, peut être altérée [18] . Les patients victimes d’un AVC présentent des signes de détérioration cognitive plus sévères, de plus grandes fluctuations de l’humeur, un ralentissement psychomoteur plus important et une anxiété plus marquée et donc une altération importante de la qualité de leur vie [5].

L’AVC a un effet multiforme sur la qualité de vie plus prononcé dans la dimension physique [17]. Au Bénin en 2021, il avait été noté une qualité de vie globale était insatisfaisante chez 40 % des patients, mitigée chez 52 % des patients et satisfaisante chez 8% [25]. Au Togo, le handicap, l’anxiété et la dépression sont des paramètres altérant la qualité de vie au quotidien des survivants d’AVC. [2]

La prise en charge des maladies cérébrovasculaires s’est considérablement améliorée ces dernières années, notamment grâce à la mise en place d’unités neurovasculaires, de nouveaux traitements et à la standardisation de l’évaluation et du diagnostic des troubles cérébrovasculaires, standardisation qui inclut une batterie de tests neuropsychologiques afin d’évaluer les séquelles cognitives d’un accident vasculaire cérébral. C’est dans ce contexte que le Groupe de Réflexion pour l’Évaluation COGnitive Vasculaire (GRECOGVASC) a actualisé la description, le diagnostic ainsi que les implications cliniques et thérapeutiques des troubles cognitifs et comportementaux d’origine vasculaire tant durant un AVC clinique (à la phase aiguë, lors de la prise en charge rééducative et à distance) que dans le contexte d’une plainte cognitive conduisant à découvrir une lésion vasculaire cérébrale. Pour répondre aux besoins diagnostiques, le GRECOGVASC a mis au point et normalisé une adaptation francophone de la batterie standardisée internationale du NINDS. D’après cette batterie, la qualité de vie peut être évaluée grâce à l’échelle IADL dont la forme simplifiée recommandée par la HAS est l’IADL4 [11]. En post AVC, on s’attend à une amélioration de la qualité de vie des patients du fait de la prise en charge pluridisciplinaire prenant en compte le handicap, l’indépendance fonctionnelle, l’aspect psychologique etc… Notre étude se veut de déterminer la prévalence de la mauvaise qualité de vie et d’identifier les différents facteurs y associés. 

Méthode d’étude

Notre étude s’est déroulée dans la Clinique Universitaire de Neurologie (CUN) du Centre National Hospitalier et Universitaire Hubert Koutoukou MAGA (CNHU-HKM) de Cotonou. Il s’est agi d’une étude transversale, descriptive et analytique qui s’est étendue de 25 Juillet 2022 à 28 Octobre 2022. Tous les patients ayant faits un AVC datant d’au moins 1 mois, âgé d’au moins 18 ans et ayant donné un consentement ou dont les parents en ont donné étaient inclus dans l’étude. Tous les patients aphasiques ou confus étaient exclus. Il s’est agi d’un échantillonnage non probabiliste exhaustif de tous les patients répondant aux critères d’inclusion et ayant consulté dans la période d’étude.

La variable dépendante était le score IADL4 qui permet d’évaluer la qualité de vie. Ce score IADL4 utilisé dans notre étude varie de 0 à 4 et comporte quatre items administrés aux patients par un étudiant en spécialisation de neurologie. Ces quatre itemsexplorent l’autonomie du sujet par rapport à quatre activités pratiques de la vie quotidienne. Le patient présente une altération de la qualité de vie pour un score ≥ 1 avec  une altération sévère pour un score compris entre 3-4 ; modérée pour un score entre 1-2 [12].

Les variables indépendantes regroupaient des variables socio-démographiques, cliniques et paracliniques.

La saisie des données a été faite directement sous KoBoCollect pendant la collecte des données. L’analyse des données a été faite à l’aide des logiciels R version 4.2.1. Les variables quantitatives ont été exprimées en moyenne avec l’écart-type lorsque la distribution était normale et par la médiane et son intervalle interquartile lorsque la distribution était asymétrique (appréciée au test de Shapiro-Wilk). Les variables qualitatives ont été exprimées en effectif et pourcentage. La comparaison des fréquences a été faite à l’aide du test de Chi2. Le test non paramétrique de Kruskal-Wallis a été réalisé pour la comparaison de moyennes. Une p-value inférieure à 0,05 a été considérée comme statistiquement significative pour l’ensemble des tests. Le Rapport de prévalence (RP) a été utilisé comme mesure d’association pour rechercher l’association entre la variable dépendante et les variables indépendantes.

Résultats

Un total de 77 patients a été étudié sur les 102 patients AVC rencontrés au cours de la période. L’âge moyen était de 57,74 ±12,54 ans, avec des extrêmes de 30 et 65 ans. Le sex-ratio (homme/femme) était de 1,49 avec 41 hommes (59,74%).

La quasi-totalité des patients vivaient en région urbaine (97,4%) et la majorité avaient le niveau d’étude secondaire (42,86%). Le niveau socio-économique était bas pour la plupart (44,16 %). Plus de la moitié des patients (68,83%) étaient encore en fonction avant la survenue de l’AVC. La majorité (62,34%) vivaient encore maritalement, 23,38% étaient des célibataires et 14,29% vivaient seul (Veufs et divorcés)

Après l’AVC, on a noté une diminution du niveau économique chez 77,92% des patients de même que les interactions sociales (83,12%). De même, la plupart des patients de notre étude vivaient en famille (96 %), 58,44% pratiquent toujours une activité de loisirs et seulement 16,88% ont repris leur activité professionnelle. La vie relationnelle après AVC dans le couple était marquée par une surprotection dans 50% contre 4,41% d’intolérance et 2,94% de divorce. Dans le milieu familial une surprotection a été signalée dans 53,25% des cas. La quasi-totalité des patients avait accepté leur situation de handicap (73%), seulement 16,9% avaient repris leur activité professionnelle et 41,6% avaient perdu le goût au loisir.

Presque tous les patients étaient hypertendus (92,21%), 18,18 % étaient diabétiques et 23,38 % avaient un antécédent d’AVC.

Le score moyen du NIHSS était de 3,33 et l’AVC était léger dans 54,55 %, modérée dans 28,57% et sévère dans 16,88% des cas.

Après la survenue de l’AVC la majorité des patients (66,23%) avait fait une rééducation fonctionnelle et 49,02% des patients avaient deux séances par semaine.

Au moment de l’étude, 32,47% des patients avait une dépression post-AVC et 40,26% avait une anxiété post-AVC.  

Dans notre population d’étude 20,78 % des patients présentaient une dysarthrie.

Les AVC ischémiques étaient les plus retrouvés (62,34 %) et l’hémisphère cérébral gauche était le plus touché (55,84 %).

Le score moyen du handicap était à 1,73 et 84,42% des patients présentaient encore un handicap avec 41,53% un handicap léger, 16,21% de modéré et 8,10% de sévère. Plus de la moitié de la population d’étude (55,55%) étaient dépendants. Figure 2

Il avait été noté une association statistiquement significative entre l’indépendance fonctionnelle (p= 0,004 ; OR : 4,500 [1,629-12,431]), la gravité de l’AVC (p=0,007 ; OR : 6,221 [1,692-22,868]), le handicap (0,000 ; OR : 36,667 [4,371-307,583]) et la pratique de la rééducation physique. De la même manière, Il avait été noté une association statistiquement significative entre l’indépendance fonctionnelle (p= 0,003 ; OR : 4,364 [1,671-11,392]), la gravité de l’AVC (p=0,036; OR : 4,286 [1,077-17,061] ), le handicap (0,001 ; OR : 15,481 [1,885-127,149]) et la fréquence de pratique de la rééducation physique

Il avait été noté 44,15% de qualité de vie altérée dont 28,57% de modérée et 15,58% de sévère.

Une corrélation positive entre la gravité de l’AVC (NIHSS) et la qualité de vie des patients a été retrouvé avec un coefficient de corrélation de 0,657 (P=0,000). Plus l’AVC est grave, plus la qualité de vie plus altérée. Cette relation est plus observée à partir du degré modéré du NIHSS et de l’IADL. Figure 3

Le degré du handicap influence négativement la qualité de vie des patients. On note une corrélation positive entre le handicap physique (mRS) et la qualité de vie des patients avec un coefficient de corrélation de 0,541 (P=0,000). Plus le handicap est sévère, plus la qualité de vie des patients est altérée et cette relation est plus accentuée à partir du degré modéré du mRS et de l’IADL. Figure 4

La qualité de vie des patients dépend du degré d’indépendance des patients.

IL a été noté une corrélation négative entre l’indépendance fonctionnelle et la qualité de vie avec un coefficient de corrélation de -0,610 (P=0,000). Plus l’indice de BARTHEL est bas plus l’IADL4 est élevé. Figure 5

Un lien statistiquement significatif a été retrouvé entre la rééducation fonctionnelle, le niveau de sévérité de l’AVC, le niveau d’indépendance fonctionnelle, le degré du handicap et la qualité de vie (p<0,05).

La pratique de la rééducation fonctionnelle (p=0,008), OR : 5,536 [1,803-16,998], une rééducation journalière (p=0,008), OR : 3,528 [1,367-9,105] améliorent de façon significative la qualité de vie des patients victime d’AVC. Par ailleurs, l’AVC sévère (<0,001), OR : 0,182 [0,037-0,887], une grande dépendance fonctionnelle (<0,001), OR : 0,103 [0,035-0,307] et un handicap sévère (<0,001), OR : 13,92 [4,051-47,89] altèrent de façon significative la qualité de vie (p<0,05).  

Par contre, l’anxiété (p>0,9), la dépression (p=0,2), n’étaient pas significativement associés à la qualité de vie. Tableau I

Discussion

L’objectif général de ce travail était d’évaluer la mauvaise qualité de vie en post-accident vasculaire cérébral à la clinique universitaire de neurologie du CNHU-HKM en 2022. Plus spécifiquement, il s’agissait d’apprécier la qualité de vie par le score IADL4, de chercher une corrélation entre le handicap physique après un AVC, le niveau d’indépendance fonctionnelle physique après un AVC et la qualité de vie en post-AVC en neurologie au CNHU-HKM.

L’altération de la qualité de vie après l’AVC est estimée à 44,15%. La rééducation fonctionnelle, le niveau de sévérité de l’AVC, le niveau d’indépendance fonctionnelle, le degré du handicap étaient les facteurs associés de façon significative à l’altération de la qualité de vie.

Dans notre population d’étude, l’âge moyen des patients était de 57,74 ±12,54 ans, avec des extrêmes de 30 ans et 87 ans. Nos résultats sont proches de ceux de Diagne et al. au Sénégal, qui  avaient retrouvé un âge moyen de 55,25 ans avec des extrêmes de 32 et 82 ans [8]. Au Bénin, K. C. Adjien et al. [1]et Marie Joelle et al. [13] avaient aussi trouvé des résultats similaires avec respectivement un âge moyen de 58,9 ±13,6 ans, et 56±13ans. Nos résultats s’éloignent de ceux de ZHOU [26] en France qui avait trouvé une moyenne d’âge supérieure à la nôtre (72,3 ans). Assogba et al. [2] quant à   eux avaient eu un âge moyen inférieur au notre (47ans) avec des extrêmes de 21 et 73ans.

Dans la population générale, nous avons trouvé une prédominance masculine (59,74%) avec un sex-ratio de 1,49. Cette prédominance masculine a été retrouvée également par plusieurs autres auteurs tels que Charfi N. et al. [3](1,62) ; Rabat et al. [21] (1,70) et Dadah et al [6](1,27). Cependant N’goran et al [15] et Noura et al [16] retrouvaient une prédominance féminine.

Notons qu’il est généralement admis que l’âge supérieur à 50 ans est un facteur de risque de l’AVC et l’incidence des AVC est plus élevée chez les hommes que chez les femmes probablement suite à l’effet protecteur des facteurs hormonaux (œstrogènes), ce qui a contrario expliquerait un rééquilibrage entre les deux sexes après la ménopause [20].

Dans notre étude, 44,15% des patients avaient une qualité de vie altérée. Cette fréquence est inférieure à celle trouvée par Charfi et al. [3] (68%) qui avaient utilisé l’échelle SF-36 pour évaluer la qualité de vie de 147 patients. Le constat est clair dans tous les pays que l’AVC altère énormément la qualité de vie des patients. En effet, l’accident vasculaire cérébral représente la première cause de handicap acquis chez l’adulte et dont la majorité des survivants souffrent de sérieux problèmes sensoriels, moteurs, cognitifs, et émotionnels aboutissant à une altération de leur qualité de vie [22].

Il y avait un lien statistiquement significatif entre la rééducation fonctionnelle (p=0,008), le niveau de sévérité de l’AVC (p<0,001), le niveau d’indépendance fonctionnelle (p<0,001), le degré du handicap (p<0,001) et la qualité de vie (p<0,05). Aussi, Il avait été noté une association statistiquement significative entre l’indépendance fonctionnelle (p= 0,007), la gravité de l’AVC (p=0,003), le handicap (0,000) et la pratique de la rééducation physique. Tous résultats suggèrent que la pratique de la rééducation est une étape très importante dans la récupération du handicap, de l’indépendance et de l’amélioration de la qualité de vie. La qualité de vie des patients, le degré de handicap, le degré de dépendance sont intimement liés à la pratique régulière de la rééducation. En effet, la pratique régulière de la rééducation améliore les fonctions motrices du patient grâce à la plasticité cérébrale, ce qui par ricochet améliore le handicap physique, l’indépendance fonctionnelle et donc la qualité de vie du patient, diminue l’impact des séquelles sur son quotidien et celui de ses proches.

Nos résultats concordent avec ceux de Assogba et al. [2]qui ont décrit le handicap comme un facteur fortement associé à la qualité de vie.

De même, nos résultats s’accordent avec ceux de Matinou et al. [14]qui ont également montré une association entre la sévérité de l’AVC et la qualité de vie.

La qualité de vie était associée l’indépendance fonctionnelle. Ceci a été confirmé par Suzanne et al.[24]et Charfi et al. [3].

La qualité de vie n’était pas associée de manière significative à l’âge comme l’ont affirmé Diagne et al. [8] qui ont décrit l’âge comme étant un facteur prédictif d’une mauvaise qualité de vie. Ceci est inattendu puisque plus l’âge avance, moins on est apte sur le plan fonctionnel et il s’ensuit une altération de la qualité de vie.

Par ailleurs, l’anxiété (p>0,9) et la dépression (p=0,2), n’étaient pas significativement liées à la qualité de vie ce qui a été confirmé par Assogba et al. [2]. Le manque de relation entre la dépression et la qualité de vie paraît paradoxal vu qu’il ne pourrait y avoir une bonne qualité de vie sans une bonne humeur. On pourrait peut-être l’expliquer par la faible taille de l’échantillon de notre étude. Il faut signaler que certains auteurs comme Matinou et al. [14]ont trouvé une association significative entre la qualité de vie et les troubles de l’humeur.

La qualité de vie était indépendante du niveau socio-économique. L’étude de Suzanne et al. [24]sur la qualité de vie en post-AVC a aussi montré que le statut socio-économique n’impactait pas la qualité de vie. Ceci nous parait étonnant vu l’influence économique de l’AVC sur ses victimes. Une étude à grande échelle pourrait permettre de mieux apprécier tous ces facteurs. Par contre, au Brésil, Capinala et al ont trouvé dans leur étude sur l’impact socio-économique de l’AVC chez les patients et les membres de la famille que 25 % (14 patients) de l’échantillon ont dépensé plus de 50 % du revenu mensuel du ménage, tandis que 10 (17,9 %) les patients consacrent plus de 100 % de leur revenu mensuel et seulement 2 (3,6 %) les patients consacrent jusqu’à 10 % de leur revenu mensuel à leur maladie. Ce qui donne une idée claire du grand impact socio-économique de l’AVC sur la famille en tenant compte des autres besoins fondamentaux qui n’ont pas de couverture financière [4]. L’influence économique de l’AVC sur ses victimes est un cycle infernal. En effet, les patients en particulier ceux qui exercent une profession libérale voient leurs activités au ralentie ou même suspendues et dans le même temps sont obligés de payer pour la prise en charge de leurs états de santé ce qui les affaiblit davantage financièrement. Cet état de chose altère irrémédiablement la qualité de vie.

 Conclusion

L’AVC est un réel problème de santé publique. Cette étude met en exergue les conséquences directes de l’AVC (le handicap physique et la dépendance fonctionnelle) sur la qualité de vie des patients. Elle vient confirmer la répercussion du handicap et de la dépendance fonctionnelle sur la qualité de vie des patients. La rééducation est un atout majeur pour l’amélioration de la qualité de vie des patients. Une évaluation systématique de la gravité de l’AVC, des déficiences et des incapacités, serait nécessaire pour une prise en charge des patients. Ces résultats aident à sensibiliser beaucoup plus sur la fréquence de la rééducation motrice en médecine physique et de réadaptation des personnes présentant un AVC, afin d’améliorer leur qualité de vie. 

L’étude a reçu l’approbation du comité d’éthique local. L’anonymat des patients et la confidentialité des données ont été respectés. Le consentement éclairé des patients ou de leur parents a été obtenu après explication des objectifs de l’étude et en insistant sur le fait que la participation était volontaire, sans conséquence sur leur suivi en cas de refus.

Les auteurs déclarent n’avoir aucun conflit d’intérêt sur le sujet


 

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