CASE REPORT / CAS CLINIQUE
ETIOLOGIE PARTICULIERE DE L’ENCEPHALITE LIMBIQUE : LA NEUROSYPHILIS (A PROPOS DE DEUX CAS)
A SPECIFIC AETIOLOGY OF LIMBIC ENCEPHALITIS: NEUROSYPHILIS (ABOUT TWO CASES)
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RESUME L’encéphalite limbique syphilitique est une affection rare et son incidence est inconnue nous rapportons l’observation deux patients hospitalisés pour troubles du comportement, troubles de mémoire et crises épileptiques, l’IRM cérébrale montrait un hypersignal sur les séquences pondérées en T2 et FLAIR des régions temporo-limbiques, la sérologie de la syphilis fut positive dans le sang et le LCR. Le diagnostic d’encéphalite limbique syphilitique fut retenu sur un ensemble d’arguments clinique, biologique et radiologique. Le traitement spécifique de la neurosyphilis a permis une amélioration de l’état neurologique des deux patients. Mots-clés : Encéphalite limbique, IRM cérébrale, Neurosyphilis. SUMMARY A specific aetiology of limbic encephalitis: neurosyphilis (about two cases) Key words: Cerebral MRI, Limbic encephalitis, Neurosyphilis INTRODUCTION L’encéphalite limbique se manifeste typiquement par des signes aigus ou subaigus orientant vers un dysfonctionnement des structures limbiques. Ses étiologies sont dominées par les désordres auto-immuns, paranéoplasiques et les infections virales. La neurosyphilis est rarement en cause et seulement quelques cas ont été décrits dans la littérature. Observation N° 1 Patient âgé de 37 ans, ancien militaire, tabagique chronique, suivi en psychiatrie depuis 1 ans pour psychose dysthymique non schizophrénique avec troubles du comportement, idées délirantes de grandeur mégalomaniaque, déficit de l’attention et des troubles de mémoire d’aggravation insidieuse, traité par neuroleptiques et thymorégulateurs mais sans amélioration évidente. Six mois avant son admission au service, le patient a présenté des crises épileptiques partielles somatomotrices hémicorporelles gauches secondairement généralisées parfois précédées d’automatisme gestuel et oro-alimentaire. L’évolution est marquée par l’apparition d’une lourdeur de l’hémicorps gauche et de trouble de la parole. Un syndrome confusionnel subfébrile suivi d’un état de mal épileptique a motivé son admission aux urgences. L’examen après stabilisation de son état trouvait un patient désorienté dans le temps et dans l’espace, ralenti sur le plan psychomoteur. Son discours comportait un délire de persécution avec des hallucinations auditives. Son examen neurologique trouvait un syndrome tetrapyramidal, une dysarthrie paralytique et un déficit mnésique portant sur la mémoire antérograde et rétrograde à l’examen des fonctions supérieures avec un score MMS à 6/30. L’IRM cérébrale montrait des plages d’hypersignal bilatérales au niveau des régions amygdalo-hippocampiques, du cortex insulaire et du gyrus cingulaire sans effet de masse sur les structures avoisinantes ni prise de contraste après injection de gadolinium (figure1). Le bilan biologique était normal, notamment il n’y avait pas de syndrome inflammatoire biologique. La sérologie syphilitique était positive dans le sang (TPHA à 5120 et VDRL à 1/32). L’étude cytochimique du LCR a monté 8 éléments blancs avec une protéinorachie à 0,58 g/l sans hypoglycorachie. La sérologie TPHA-VDRL était positive dans le LCR (TPHA à 1280 et VDRL à 2). Le diagnostic de l’encéphalite limbique syphilitique a été retenu sur des arguments cliniques, biologique, radiologique et sur l’évolution favorable sous traitement spécifique de la neurosyphilis basé sur la pénicilline G : 4 bolus espacés de trois mois à raison de 20 million par jour pendant 10 jours, associé à la Carbamazépine 600 mg/j et au traitement neuroleptiques phénothiazines 100 mg/j.
Observation N° 2 Patient de 45 sans antécédents pathologiques, admis aux urgences pour un état de mal épileptique tonico-clonique généralisé avec déficit postcritique de l’hémicorps gauche. L’interrogatoire avec sa famille trouvait la notion de crises épileptiques partielles motrices de l’hémicorps gauche quelques mois avant son admission associées à des troubles de l’humeur type irritabilité et de discrets troubles de mémoire. L’IRM cérébrale montrait des lésions en hypersignal T2 et Flair cortico-sous-corticales bilatérales plus marquées à droite touchant les lobes temporaux sans prise de contraste après injection de Gadolinium (Figure 3).
DISCUSSION L’encéphalite limbique se manifeste typiquement par des troubles mnésiques antérogrades qui sont un élément majeur du diagnostic bien qu’ils ne soient pas toujours au premier plan à la phase initiale. Ils sont d’intensité variable allant de simples oublis jusqu’à une atteinte massive de la mémoire. Une détérioration intellectuelle et une épilepsie partielle souvent temporale ou d’emblée généralisée (8) complètent le tableau clinique. Des états de mal épileptiques inauguraux ne sont pas rares et peuvent révéler la maladie. Le mode de présentation est très variable selon l’étiologie et d’un patient à l’autre (9). A l’IRM, il existe des plages en hypersignal T2 et FLAIR uni ou bilatérales, plus marquées au niveau du cortex, situées dans la partie interne des lobes temporaux, du cortex insulaire et du gyrus cingulaire, il n’existe ni effet de masse ni prise de contraste après injection de Gadolinium. Parfois l’IRM initiale est normale puisque les altérations du signal peuvent apparaître après un certain délai. Une surveillance et un suivi en imagerie sont donc parfois nécessaires. (6) Récemment, des tableaux cliniques similaires secondaires à une cause infectieuse ou auto-immune non paranéoplasique ont été décrits (8). L’encéphalite limbique peut aussi rentrer dans le cadre de connectivites et de vascularites tel que le lupus érythémateux systémique, la maladie de Behçet et le syndrome de Gougerot Sjogren (4) La neurosyphilis reste parfois sous diagnostiquée du fait de la non réalisation systématique des sérologies TPHA-VDRL dans certains centres médicaux et aussi à la variabilité des symptômes initiaux qu’elle peut prendre (5). Elle peut être asymptomatique au début ou se manifester par des symptômes non spécifiques: céphalées, crises comitiales, insomnie, changement de la personnalité, irritabilité, et troubles de mémoire, par contre les tableaux les plus classiques de la neurosyphilis qui sont la méningo-vascularite, la paralysie générale et le tabès sont de moins en moins retrouvés. De même les aspects radiologiques ne sont pas spécifiques par rapport aux autres étiologies inflammatoires affectant le système nerveux central (7). L’évolution clinique de nos patients était satisfaisante sous traitement spécifique de la neurosyphilis associé aux traitements symptomatiques des crises comitiales et des troubles psychiatriques avec une durée de surveillance de 3 ans pour le premier malade et de 2 ans pour le deuxième malade. Aucun autre signe neurologique ou extra neurologique n’a été observé durant cette période de surveillance. CONCLUSION Les troubles psychiatriques peuvent être inauguraux et rester longtemps isolés au cours de l’encéphalite limbique. L’étiologie syphilitique d’une encéphalite limbique doit être recherchée, surtout dans des pays ou la syphilis reste fréquente d’autant plus qu’un diagnostic et un traitement précoce permettront l’amélioration sinon la stabilisation des symptômes. REFERENCES
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