CLINICAL STUDIES / ETUDES CLINIQUES
EVALUATION DU TRAITEMENT DES EPILEPTIQUES ADULTES HOSPITALISES DANS LE SERVICE DE NEUROLOGIE DU CHU DE YOPOUGON A ABIDJAN – COTE D’IVOIRE
EVALUATION OF THE TREATMENT OF ADULTS EPILEPTIC INPATIENTS IN THE DEPARTMENT OF NEUROLOGY AT TEACHING HOSPITAL OF YOPOUGON ABIDJAN - COTE D'IVOIRE
E-Mail Contact - DOUMBIA-OUATTARA Mariam :
doumbia_medic@yahoo.fr
RESUME Description Objectif Résultats Conclusion Mots-clés: Afrique, coût, épilepsie, prise en charge, traitement. ABSTRACT Objective Methodology Results Discussion Conclusion INTRODUCTION En Afrique Noire, la prise en charge de l’épilepsie est caractérisée par une sous-utilisation des structures sanitaires et des MAE pour des raisons essentiellement socioculturelles (11) mais également économiques. METHODOLOGIE Il s’agit d’une étude transversale de type descriptif qui s’est déroulée dans l’unité d’hospitalisation du service de Neurologie du Centre Hospitalier Universitaire (CHU) de Yopougon. Elle a été réalisée sur une période de 2 ans allant du mois de septembre 2002 au mois d’octobre 2004. Les données suivantes ont été recueillies à l’aide de fiches d’enquête: l’âge, le sexe, la profession, le revenu mensuel, la séméiologie des crises épileptiques, les résultats de la sérologie du Virus de l’Immunodéficience Humaine (VIH) et de la tomodensitométrie (TDM) crâniocérébrale, les médicaments anti-épileptiques (MAE) utilisés et leur tolérance, l’évolution de la maladie, la durée d’hospitalisation et le coût de l’hospitalisation. Les âges extrêmes étaient 20 et 80 ans, avec une moyenne de 40 ans. On notait une légère prédominance masculine (52%) avec un sex-ratio de 1,12. 55% des patients exerçaient une activité professionnelle et 35% étaient sans activité (retraités et sans emploi). 66% de la population d’étude avait un revenu mensuel inférieur à 50.000 FCFA, soit 76,21 . Les crises étaient généralisées dans 58% des cas et partielles dans 36%. 6% des patients avaient présenté un état de mal épileptique. .La TDM crânio-cérébrale était anormale dans 54% des cas et les étiologies identifiées étaient l’abcès cérébral (25%), la méningo-encéphalite (12%) et les AVC (16%). La sérologie du VIH était positive dans 56% des cas. Les MAE utilisés étaient le phénobarbital (40%), la carbamazépine (24%), le diazépam (20%) et l’acide valproique (14%). Dans 82% des cas, la tolérance aux MAE était bonne. Les effets indésirables observés dans 18% des cas étaient des nausées, des vomissements, une asthénie et des vertiges avec l’acide valproique (VPA) et la carbamazépine (CBZ). Sous traitement antiépileptique, on a noté un arrêt des crises chez 60% des patients. La durée moyenne du séjour hospitalier par malade était de 12 jours avec des extrêmes de 1 et 29 jours. 60% des patients sont sortis du service au terme d’une évolution clinique favorable. 22% sont sortis à la demande de leur famille, par manque de moyens financiers et 8% se sont évadés. Le coût estimatif direct de l’hospitalisation était égal à 148.715 FCFA soit 226,71 ou 280,59 $ US répartis entre les examens complémentaires (73.500 FCFA), l’hôtellerie (58.300 FCFA) et les MAE (16.915 FCFA), alors que 14% des patients étaient sans profession et que 66% avaient un revenu mensuel inférieur à 50000 FCFA (76,21 ) et que le SMIG est égal à 36.000 F CFA (54,88 ou 67,92 $ US.) DISCUSSION Comme dans la majorité des études africaines et européennes (3, 6, 9, 11, 12, 15), nous avons observé une prédominance masculine avec un sex-ratio de 1,12. Notre série comporte une majorité d’adultes jeunes. L’âge moyen était égal à 40 ans, et la tranche d’âge de 20 à 45 ans représentait 58% des patients. Giordano et al. (6) rapportent également une prédominance de l’épilepsie dans la tranche d’âge de 20 à 45 ans avec un taux de 59%. Pour Senanayaké et al. (13), près de 40% des épilepsies apparaissent entre 20 et 30 ans. 66% de nos patients avaient un revenu mensuel inférieur à 50.000 FCFA, soit 76,21 , à peine le SMIG (égal à 36.000 FCFA, soit 54,88 ou 67,92 $ US). Nous avons relevé également 14% de patients sans profession, ce qui suggère qu’un bon nombre de patients sont de véritables charges financières pour leurs familles, et qu’ils pourraient par ailleurs avoir une insertion socio-professionnelle difficile. Dans la série de Piraux (12), 30% des malades constituaient également de réels problèmes sociaux. Ces résultats posent le problème de l’aspect financier de la prise en charge des épileptiques et celui de leur insertion socioprofessionnelle. En Côte d’Ivoire, la mauvaise adaptation sociale de l’épileptique peut s’expliquer en partie par la connotation socioculturelle de l’épilepsie décrite par Hazera et Sieye cités par Giordano et al (6) qui ont montré une modification du jeu relationnel et une marginalisation de l’individu pour cause de contagiosité par la salive. Ailleurs en Afrique, la crise épileptique est considérée comme une maladie de Dieu, une fatalité ou une attaque en sorcellerie, souvent assimilée à une maladie des djinns ou de Satan (16). Dans un tel contexte économique et socioculturel, les thérapeutes traditionnels et les guérisseurs constituent le premier recours et ce n’est que le constat de plusieurs échecs qui motive une consultation à l’hôpital (11). Sur le plan sémiologique, notre étude comme d’autres études africaines (3, 4, 6, 16) montre la prédominance des crises généralisées alors qu’en Occident, les crises partielles sont plus fréquentes que les crises généralisées (7). Il est possible qu’une analyse plus minutieuse des crises d’épilepsie identifiées comme généralisées en Afrique, révèle en son sein une grande proportion de crises partielles (6). 6% de nos patients ont présenté un état de mal épileptique. Ce chiffre est proche de ceux cités dans des travaux antérieurs en Côte d’Ivoire: 6,7% pour Giordano et al. (6) et 9% pour Sonan et al. (14). Les étiologies identifiées par la TDM sont infectieuses (37%), vasculaires (16%) et tumorales (8%). Dans la série de Mbodj et al. (10), les causes infectieuses (67%) et les causes vasculaires (8%) étaient également les étiologies majeures. Dans notre étude le taux de séropositivité au VIH est élevé (56%), ce qui explique que la toxoplasmose soit l’infection la plus fréquente (25%) comme l’ont montré Bartolémei et al (1), Dumas et al (5) et Doumbia et al (4). Parmi les antiépileptiques majeurs utilisés en monothérapie de première intention, nous avons observé une large prescription du phénobarbital (40%), suivi de la CBZ (24%) et du VPA (14%). Dans la série de Dongmo et al. (3) au Cameroun, les médicaments les plus utilisés étaient également le PB (75,2%) et la CBZ (15,2%). Heaney et al. (8) soulignent également l’utilisation du PB en première intention dans les pays en développement, en raison de son coût 15 à 30 fois moins élevé que celui de la CBZ et du VPA, et 100 fois plus faible que ceux des nouveaux antiépileptiques (Lamotrigine). Pour Collomb (2) et la majorité des auteurs africains, l’efficacité thérapeutique des barbituriques, doublée de leur accessibilité financière constituent un argument majeur pour leur prescription dans les populations à bas niveau socio-économique. Les MAE ont entraîné l’arrêt des crises chez 60% des patients. Ce taux de rémission est voisin de celui observé par Dongmo et al. (69,6%) (3). Ces médicaments étaient bien tolérés dans 82% des cas. 18% des patients ont présenté des effets indésirables à type de nausées, de vomissements, d’asthénie et de vertiges. Ces effets ont été observés avec le VPA et la CBZ, et ont parfois occasionné le changement de l’antiépileptique. Dans la série de Dongmo et al., les effets indésirables des médicaments ont été notés chez 16% de patients, avec comme principal effet indésirable, le couple somnolence-ralentissement psychomoteur (3). La durée moyenne du séjour hospitalier par malade était d’environ 12 jours avec des extrêmes de 1 et 29 jours. Le coût estimatif direct de l’hospitalisation était de 148.715 FCFA (226,67 ) ainsi réparti: examens complémentaires (73.500 FCFA), hôtellerie (58.300 FCFA) et MAE (16.915 FCFA). Le coût minimal de la TDM crâniocérébrale, examen-clé pour l’exploration étiologique des épilepsies, qui s’élève à 55.000 FCFA (83,83 ) accroit les difficultés de la prise en charge des patients sans profession ou issus d’un bas niveau socio-économique. Le coût global de l’hospitalisation largement supérieur au SMIG, égal à 36 000 FCFA (54,88 ) pose le problème de l’accessibilité financière au traitement médical des épilepsies, et explique que 22% des patients soient sortis du service à la demande des familles épuisées financièrement. CONCLUSION En milieu hospitalier neurologique, le traitement de l’épilepsie de l’adulte jeune par les MAE est efficace et bien toléré, mais il reste encore peu accessible aux populations en majorité démunies en raison du coût onéreux de la prise en charge globale en hospitalisation. REFERENCES
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