CASE REPORT / CAS CLINIQUE
KYSTE NEURENTÉRIQUE INTRA DURAL EXTRA MÉDULLAIRE: À PROPOS D’UN CAS
INTRADURAL EXTRAMEDULLARY NEURENTERIC CYST: A CASE REPORT
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RESUME Le kyste neurentérique (KNE) est une malformation congénitale rare du système nerveux central (SNC) entrant dans le cadre des notochordodysraphies. Nous rapportons un nouveau cas de KNE de localisation intra durale extra médullaire chez un patient de 16 ans, admis dans un tableau de compression médullaire cervicale haut évoluant depuis 4 mois. L’imagerie a objectivé une lésion kystique pré médullaire en regard de C1-C2-C3. Le patient a bénéficié d’une évacuation kystique et l’histologie avait conclu à un kyste neurentérique. L’évolution était marquée par le décès du patient par des complications neurovégétatives graves. Malgré sa bénignité histologique, le kyste neurentérique de localisation cervicale haute peut se compliquer de troubles neurovégétatifs parfois imprévisibles pouvant aboutir à une évolution dramatique. Mots clés : Kyste neurentérique intra dural extra médullaire – IRM – Rachis. ABSTRACT The neurenteric cyst is a rare congenital malformation of central nervous system entering as part of notochordodysraphies. We reported on, a new case of neurenteric cyst in a 16-years old man who presented with a upper cervical spinal cord compression. The imaging showed a cyst located ventral to the spinal cord at the C1 C2 C3 level. A complete resection was performed. Histopathological examination confirmed the diagnosis of neurenteric cyst. The post operatory outcome was unfavourable leading to the disease of the patient. The neurenteric cyst is an uncommon and a mild histological lesion. However the localisation in the upper cervical spinal cord, may be associated with severe neurovegetative disorders and a poor outcome. Key words : Intra dural extra medullary neurenteric cyst – MRI – Spine. INTRODUCTION Le kyste neurentérique (KNE) est une malformation congénitale rare entrant dans le cadre des notochordodysraphies (9). Il est secondaire à la persistance anormale d’un canal neurentérique accessoire vers la 3ème semaine de l’embryogenèse (8). OBSERVATION Un patient âgé de 16 ans est admis dans notre formation pour lourdeur des 4 membres avec troubles sphinctériens évoluant depuis 4 mois. L’examen à l’admission a montré un patient conscient présentant des pauses respiratoires. La marche était impossible. La force musculaire a été cotée à 2/5 aux 4 membres avec hypertonie spastique. Les réflexes ostéo-tendineux (ROT) étaient vifs diffus aux 4 membres, avec un signe de Babinski bilatéral. Il n’a pas été noté de troubles sensitifs associés ni de déformation rachidienne. Par ailleurs il a été noté une abolition du réflexe nauséeux, des troubles de la déglutition et une impossibilité de relever les épaules. Le patient a été opéré en position semi assise par un abord postérieur, et une laminectomie de C1-C2 et C3 a été réalisée. Après ouverture durale et section des ligaments dentelés droit et gauche permettant de mobiliser la moelle, on a procédé à une fenestration de la lésion avec évacuation sous pression d’un liquide dense gélatineux. Un évidement intra capsulaire a été réalisé. Les suites opératoires immédiates ont été marquées par un état neurologique stationnaire, aggravé 3 semaines plutard par des troubles neurovégétatifs avec une fièvre à 42°C et une aggravation des troubles respiratoires aboutissant au décès du patient. DISCUSSION Le terme de kyste neurentérique (KNE) est trompeur. Il suppose une communication entre les éléments dérivés du neurectoderme avec l’intestin alors qu’il s’agit de rapports entre ces éléments neurectodermiques et les éléments dérivant de l’intestin primitif antérieur, moyen et postérieur. Ceci explique que des structures évoquant des muqueuses respiratoires, sophagiennes, gastriques ou intestinales puissent être retrouvées à l’examen histologique de ces kystes. Ainsi, le terme de kyste neurentoblastique pourrait être mieux adapté à cette pathologie. Cela permet de regrouper différentes entités comme le kyste entérique , le kyste bronchogénique, et le gastrocytome intra rachidiens en une seule entité. Lors de la mise en place du 3ème feuillet embryonnaire vers la 3ème semaine de gestation, la notochorde qui induit la transformation de l’ectoderme en neurectoderme reste anormalement traversée par un pertuis entre l’intestin primitif (endoderme) et le revêtement ectodermique de la région dorsale de l’embryon pendant plus de 48 heures. Ce pertuis anormal a été décrit comme un canal neurentérique accessoire permettant d’expliquer la survenue des notochordodysraphies (KNE, diastématomyélie, sinus dermique …) (8). Le KNE est rare, 114 cas ont été rapportés dans la littérature (9). Il intéresse le plus souvent le sujet jeune (4), de sexe masculin avec un sex ratio de 2/1 (6). Ceci est le cas de notre patient. Ces formes intra durales extra médullaires peuvent adhérer à la dure mère s’invaginant partiellement dans le cordon médullaire avec souvent des adhérences avec la moelle (4). Notre patient présentait un KNE pré médullaire cervical haut adhérant à la dure mère avec invagination au niveau médullaire. La topographie crânio-cervicale est particulièrement rare et seuls quelques rares cas ont été rapportés dans la littérature (6). L’histologie et les analyses immunohistochimiques (cytokératine, antigène membranaire épithélial « EMA ») confirment l’origine endodermique des KNE (6). Le contenu liquidien est souvent visqueux avec un aspect jaune gris parfois clair. La paroi du KNE est constituée d’un épithélium pluristratifié ressemblant à un épithélium sophagien, ou d’un épithélium uni stratifié prismatique mucipare ressemblant à l’épithélium intestinal ou d’un épithélium malpighien non kératinisé ou pseudo stratifié cilié ressemblant à un épithélium respiratoire. Cet épithélium repose sur une membrane basale entourée d’un tissu conjonctif où l’on peut retrouver notamment des éléments gliaux et lymphoïdes (9). Sur le plan clinique, le diagnostic des KNE est généralement fait tardivement. Les manifestations cliniques sont trompeuses, polymorphes et fluctuantes pouvant apparaître à n’importe quel moment de la vie simulant parfois une affection inflammatoire (9). La tomodensitométrie (TDM) facilite le diagnostic des kystes intra duraux (4). Les anomalies osseuses sont fréquentes et permettent un diagnostic plus facile (9). Le signal du kyste est de type liquidien. La majorité sont iso à hyper intense en T2 par rapport au liquide cérébro-spinal (LCS) et iso ou légèrement hyper intense en T1 par rapport au LCS (3). Parfois une image homogène très hyper intense en T1 et/ou très hypo intense en T2 peut être notée. Ces variations de signal sont probablement en rapport avec la composition protéique ou à une hémorragie dans le kyste (1, 3). Le KNE peut être isolé ou associé à d’autres lésions malformatives. Les malformations osseuses sont présentes dans 1/3 des cas. L’anomalie la plus fréquente est la fente vertébrale (rachischisis antérieur) (4, 9). D’autres anomalies peuvent être notés : un spondylolisthésis, une scoliose et/ou une cyphose congénitale, une hémi vertèbre, un syndrome de Klippel-Feil, un syndrome d’Arnold Chiari, un spina bifida, une diastématomyélie et des anomalies viscérales (4, 5, 9). Le traitement des KNE est chirurgical permettant la ponction du kyste puis l’exérèse de sa paroi (4, 9). L’invagination et l’adhérence de la lésion sur la face antérieure de la moelle (comme le cas de notre patient) gêne parfois l’exérèse totale du kyste ce qui explique de possibles récidives. L’exérèse du kyste doit être faite en essayant d’aller au plus prés des adhérences médullaires. Le pronostic est globalement favorable dans les cas publiés avec un recul suffisant (4). CONCLUSION Le kyste neurentérique est une malformation congénitale rare et bénigne.
REFERENCES
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