CLINICAL STUDIES / ETUDES CLINIQUES
LES MALFORMATIONS DE DANDY-WALKER : ASPECTS DIAGNOSTIQUES ET APPORT DE L’ENDOSCOPIE : A PROPOS DE 77 CAS
DANDY- WALKER MALFORMATIONS:DIAGNOSIS FEATURES AND ENDOSCOPIC MANAGEMENT.
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RESUME Objectif Méthode Résultats Conclusion Mots clés : malformations kystiques, fosse postérieure. ABSTRACT Introduction Material and Method Results Conclusion Keywords: Dandy Walker Complex, Dandy Walker malformation, hydrocephalus, Niger. INTRODUCTION Les classifications et descriptions des malformations kystiques de la fosse postérieure dans la littérature sont basées sur le stade du développement embryologique, la communication ou non avec les espaces sous arachnoïdiens ou le V4, les modifications morphologiques de la fosse postérieure et l’association avec d’autres malformations sus-tentorielles (21). La première description de ces malformations a été rapportée par Dandy et Blackfan en 1914 (12). La triade de la malformation de Dandy Walker date de 1963 par D’Agostino et Hart (11). Cette triade s’associe dans les formes évoluées à une hydrocéphalie (5). D’autres malformations kystiques de la fosse postérieure ont été décrites. Ces descriptions étaient souvent discordantes (21). Sur la base d’étude embryologique (21) et IRM, les travaux de Barkovich et al(3) en 1989, ont apporté des précisions dans la classification des malformations kystiques de la fosse postérieure. Ainsi, la malformation de Dandy-Walker, le Dandy-Walker variant, la mega-cisterna magna, le kyste de la poche de Blake, le kyste de la valecula représenteraient des stades d’évolution malformative dans la fosse postérieure avec une base embryologique commune (21). Le Dandy Walker complex représenterait le stade tardif de ces malformations. Cette étude a pour objectif la description des aspects épidémiologiques, cliniques et scannographiques des malformations kystiques de la fosse postérieure chez l’enfant et l’évaluation des indications et résultats du traitement par dérivation ou par endoscopie. METHODE Il s’agissait d’une étude prospective réalisée dans le service de neurochirurgie de l’hôpital national de Niamey (Niger) entre janvier 2007 et février 2012. Etaient inclus, les enfants de 0 à 5 ans sans antécédent de méningite admis pour une macrocranie ou un retard psychomoteur et dont le scanner a révélé une malformation kystique de la fosse postérieure. Pour chaque enfant étaient analysés, les antécédents familiaux, néonataux et le statut clinique. L’évaluation psychomotrice était réalisée avec l’échelle de développement de Gezel-Lezine. Les patients avec un quotient de développement inférieur à 60 sur cette échelle étaient exclus de l’étude du fait de la dégradation de leur état général. Une description scannographique de la malformation kystique et des anomalies sus- tentorielles était réalisée. En l’absence d’hydrocéphalie une dérivation kysto-péritonéale était réalisée seulement lorsque que les signes de souffrance de la fosse postérieure étaient évidents et récents. En présence d’une hydrocéphalie, un traitement endoscopique était réalisé en première intention comprenant une VCS large (figure11), une coagulation du plexus choroïde autour du foramen inter-ventriculaire droit et de la corne temporale droite selon la taille ventriculaire. Lorsque le kyste de la fosse postérieure était situé en sus-tentoriel une mise en communication de ce kyste avec le ventricule latéral (VL) était réalisée après la VCS. La découverte endoscopique de fausses membranes et d’arachnoïdite était un critère d’exclusion de l’étude. La cotation des facteurs prédictifs des résultats de la VCS selon Warf (6) était utilisée pour certains patients à titre de test avant son application systématique dans le service. Cette cotation comprend des critères d’âge (≤ 6mois = 0 ; entre 6mois et 1 an = 1 ; ≥ 1an = 2), des critères étiologiques (myéloméningocèle = 2 ; infectieux = 1 et autre = 0) et des critères de coagulation des plexus choroïdes (complète= 2 ; partielle= 1 et absente = 0). Les patients ayant une chance élevée de succès ont un score entre 7 et 9 ; ceux avec chance modérée de succès ont un score entre 3 et 6 et ceux avec une faible chance de succès ont un score entre 0 et 2.
Etaient exclus de l’étude les patients n’ayant pas été suivis pendant au moins 6 mois en post- opératoire. L’antibioprophylaxie était poursuivie en post opératoire pendant 7 jours à base de ceftriaxone injectable. Une fontanelle tendue et non affaissée à 1 mois post-opératoire était considéré comme un échec et une dérivation kysto-péritonéale était réalisée. Une réduction de l’index de Evans entre 0,06 et 0,1 à 6 mois post-opératoire était considérée comme une stomie efficace. RESULTATS Entre janvier 2007 et février 2012, 1300 scanners cérébraux ont été réalisés chez les enfants de 0 à 5 ans à l’hôpital national de Niamey soit une moyenne de 5 scanners par semaine. L’indication du scanner était essentiellement la macrocranie et le retard psychomoteur. Une malformation kystique de la fosse postérieure a été retrouvée dans 144 cas soit 11,076% des cas. La série comportait 84 garçons (58,33%) et 60 filles (41,66%) avec un sexe ratio de 1,4. La moyenne d’âge était de 8,7 mois (7 jours – 5 ans). Il s’agissait de nouveaux- nés et nourrissons de moins de 12 mois dans 76 cas (52,77%), d’enfants de 1 à 3 ans dans 41 cas (28,47%) et de 3 à 5 ans dans 27 cas (18,75%). Les grossesses étaient à terme 8- 9ème mois dans 128 cas soit (88.88%). On notait des antécédents familiaux de spina bifida, d’hydrocéphalie ou de mariage consanguin dans 28 cas (19,44% des cas). Une maladie maternelle au cours du premier trimestre de la grossesse était rapportée dans 23 cas (15,97% des cas). L’accouchement était par voie basse dans 127 cas (88% des cas). Une souffrance néonatale était notée dans 37 cas (25,69% des cas). Une macrocranie était rapportée à la naissance par les mères dans 62 cas (43,05%). A l’admission, la moyenne des périmètres crâniens était de 48,33 cm ; la moyenne des QD était de 81,84 et 63,19 % des patients avaient une importante ventriculomégalie: Evans ≥ 0.4. La moyenne de l’index d’Evans pré- opératoire était de 0.423. La série comportait 144 patients porteurs de kyste de la fosse postérieure. Il s’agissait de 67 cas de malformation de Dandy Walker (46,52%), de 21 cas de Dandy Walker variant (14,58%) et de 56 cas de kyste de la fosse postérieure considérés comme megacisterna magna ou kyste de la valecula ou Dandy Walker complex (38,88%). Un seul cas en faveur d’un kyste arachnoïdien a été identifié associé à des malformations kystique et parenchymateuse sus tentorielle pour lequel aucun traitement chirurgical n’a été retenue (figure 9). Sur les 144 patients porteurs de malformation kystique de la fosse postérieure l’hydrocéphalie était associée dans 128 cas soit dans 88,88% des cas. Le quotient de développement (QD) selon Gezel et Lezine était supérieur à 85 dans 35,41% (51 cas), intermédiaire entre 60 et 85 dans 49,30% (71 cas) et en dessous de 60 dans 15,27% (22 cas). La cotation prédictive des résultats post- opératoire de Warf a été utilisée chez 22 patients : 7 patients avaient une chance élevée de succès (7-9 points), 11 avec chance modérée de succès (3-6 points) et 4 patients avec une chance faible de succès (0-2 points). L’indication opératoire a été retenue chez 77 enfants (53,47%) suivis pendant au moins 06 mois dont 8 n’avaient pas d’hydrocéphalie (5,55%). Il s’agissait de 49 cas/ 67 de malformation de Dandy Walker, de 7 cas/21 de Dandy Walker variant, et de 21 cas/56 retenus comme des megacisterna magna ou de kyste de la valecula ou Dandy Walker complex. L’indication opératoire n’a pas été retenue dans 67 cas soit 46,52%. Concernant la malformation de Dandy Walker et le Dandy Walker variant, l’indication opératoire n’a pas été retenue (56 cas/88 soit 63,63) du fait de la dégradation de l’état psychomoteur des enfants en relation avec probablement l’évolution tardive de l’hydrocéphalie. L’âge moyen de ces enfants non opérés était de 15,87 mois. Pour les cas de megaciterna magna l’indication opératoire a été retenue dans 21 cas/ 56 (37,5%) devant un syndrome de la fosse postérieure associée ou non à une hydrocéphalie. Pour les autres cas (62, 5%), il s’agissait de découverte fortuite ou avec des troubles psychomoteurs mineurs ou en relation avec des anomalies sus- tentorielles. Le syndrome de la fosse postérieure chez le nourrisson se manifeste dans cette série par une régression des acquisitions motrices segmentaires et axiales avec au scanner une malformation kystique de la fosse postérieure sans hydrocéphalie (figures 1, 2, 3). Chez les grands enfants de cette série à côté des régressions des acquisitions motrices, sont rapportés par les mères une régression intellectuelle. Cette régression intellectuelle avec parfois des troubles de comportement est souvent le motif de la consultation. C’est souvent dans ces cas que l’on découvre au scanner une megacisterna magna communiquant avec le V4, sans atrophie cérébelleuse évidente sans modification du tronc cérébral sans anomalie sus- tentorielle évidente. Aucune indication thérapeutique n’était retenue dans ces cas. (Figures 4 et 5). Notre endoscope rigide nous permettait seulement la visualisation de l’orifice supérieure de l’aqueduc ainsi que les récessus de la paroi postérieure du V3. Ces récessus étaient dilatés 42,02% (29 cas sur 69) ce qui apparait comme un signe de sténose de l’aqueduc. Aucune exploration endoscopique de l’aqueduc du mésencéphale n’a été réalisée au cours de cette étude. La coagulation des plexus choroïdes a toujours été partielle. Dans 42,02% des cas (29cas / 69), la technique endoscopique était un échec avec une fontanelle non affaissée et tendue à la consultation de contrôle à 1 mois pour 17 cas ; échec également pour 8 cas entre 1 à 3 mois (alors que la fontanelle était souple lors de la consultation précédente) et pour 4 cas entre 3 à 6 mois. Aucune complication per- opératoire ni d’infection post-opératoire n’ont été observées. Deux décès étaient rapportés au 4ème et 5ème mois dans un tableau de bronchopneumonie et d’hyperthermie. Parmi les patients ayant une cotation prédictive élevée de succès (7 cas), la technique était un succès dans 6 cas ; les patients ayant une cotation intermédiaire (11 cas), la technique était un succès dans 6 cas. Pour les patients ayant une cotation faible de succès (4 cas), la technique était un échec dans tous les cas à 1 mois. Le suivi moyen était de 16,4 mois (6 mois – 59 mois) avec au moins un scanner de contrôle après 6 mois post- opératoire. Le taux de succès du traitement endoscopique seul était de 57, 97% (40 cas / 69) à 6 mois avec des enfants de plus de 12 mois pour près de la moitié des cas. Il est basé sur la réduction du périmètre crânien, l’affaissement de la fontanelle, l’amélioration du QD, et la réduction du volume ventriculaire par l’index d’Evans à 6 mois pour les patients avec hydrocéphalie. La réduction moyenne des périmètres crâniens était de 2, 45.cm à 6 mois. La réduction moyenne de l’index d’Evans était de 0, 0735 à 6 mois. Le gain moyen du QD à 6 mois était de 8,79 points. DISCUSSION Plusieurs classifications et descriptions des collections du liquide cérébrospinal de la fosse postérieure sont rapportées dans la littérature (10,11, 24, 21) Pendant longtemps plusieurs termes étaient utilisés pour indiquer la même pathologie ou un seul terme était utilisé par différents auteurs avec diverses interprétations (21) Dandy et Blackfan en 1914 (10) décrivaient une énorme dilatation kystique du V4 avec déplacement antérieur du vermis attribués à une atrésie primitive des foramen cérébelleux. Benda (5) en 1954 rapportait que l’atrésie des foramen latéraux et médian du V4 n’était pas le seul facteur pathogénique et introduisait le terme de malformation de Dandy Walker. Les études embryologiques et IRM (3, 21) apportent des clarifications dans la description des malformations kystiques de la fosse postérieure. Le point de départ de ces malformations serait un arrêt dans le développement du rhombencéphale entre la 7ème et la 10ème semaine embryonnaire avec défaut de fusion des lèvres rhombiques sur la ligne médiane. Ceci a pour conséquence la persistance à cette hauteur de la lame basale entrainant la malformation du vermis et du V4, la migration crâniale du plancher du V3 et l’arrêt de la migration caudale du sinus droit (21). Dans les cas de malformation de Dandy Walker, de Dandy Walker variant, de mega cisterna magna ou de Dandy Walker complex associés à une hydrocéphalie la technique était une VCS associée une coagulation partielle des plexus choroïdes ainsi qu’une fenestration du kyste dans le VL. Dans la littérature, Mohanty rapporte 21 cas de Malformation de Dandy Walker et de Dandy Walker variant traité par endoscopie dont 16 par VCS seule, 3 par VCS+ stent et 2 par VCS+ fenestration du kyste. Ils rapportent un taux de succès de 76% (18). D’autres études ont également rapportées des taux de succès similaires à 74% (11) et à 93.3% (13) Les critères prédictifs de Warf utilisés dans 22 cas de cette série ont été concluants dans 80% des cas. Ces résultats doivent être complétés par une série plus grande et doivent être interprétés en tenant compte de la réalisation des larges stomies sur le plancher du V3. Notre taux de succès avec VCS, coagulation partielle plexuelle et fenestration était de 57.97% des cas à 6 mois. Ce taux tout en étant moins important que celui d’autres auteurs encourage cependant à mieux définir les indications du traitement endoscopique pour éviter sa systématisation dans le traitement des hydrocéphalies. CONCLUSION La VCS associée à une coagulation partielle des plexus choroïdes et une fenestration du kyste peut être une option thérapeutique dans la prise en charge des malformations kystiques de la fosse postérieure avec hydrocéphalie. Tableau I: Evaluation pré et à 6mois post op de 22 patients selon la cotation de Warf B.
REFERENCES
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