Paul GIRARD, avec son élégance habituelle, sans la moindre plainte malgré une grande souffrance, nous a quitté à l’approche de l’hiver.

Paul avait un attachement profond pour l’Afrique et surtout ses habitants ; un attachement empreint de la grande sensibilité qu’était la sienne. Il avait consacré une grande partie de ses activités professionnelles en Algérie, au Cameroun, au Sénégal, où il avait noué de nombreuses amitiés, n’omettant jamais de conseiller ou d’aider de nombreux jeunes neurologues en formation. Il avait été un des membres fondateurs de l’Association Pan-Africaine des Sciences Neurologiques (PAANS), dont le premier congrès s’était tenu à Dakar. Tant qu’il en avait eu la force, il avait participé activement à tous les congrès, vivant le développement de nos sciences neurologiques africaines et la progression des plus jeunes. Il nous quitte, en même temps que Renato RUBERTI, neurochirurgien à Nairobi, lui aussi pionnier, parti trop tôt, nous transmettant l’un et l’autre le témoin qui permettra la poursuite de la promotion de la neurologie tropicale.

Professeur de Neurologie, l’enseignement, théorique ou au lit du patient, a toujours été une de ses passions, qu’il accomplissait avec d’autant plus de facilité qu’il était un puits de connaissances. Rien ne lui échappait, et son esprit toujours motivé par une curiosité jamais satisfaite, demeurait toujours assoiffé de nouvelles connaissances. Cette ouverture intellectuelle, et sa grande intelligence, servies par une brillante mémoire, étaient tournées vers tous les domaines de notre activité quotidienne : art, peinture, opéra, musique, théâtre, restauration, politique ; rien ne lui était indifférent. Bien que cloîtré chez lui par une affection invalidante, il conseillait sur le choix à faire et décrivait mieux que quiconque la vie qu’il apercevait au-delà de ses vitres, et infatigable, poursuivait depuis son fauteuil, ses nombreux voyages et sa soif de découverte à l’aide de ce nouveau monde virtuel qui nous entoure.

Toujours à l’écoute, avec une grande générosité comme si sa propre existence ne comptait pas, il participait à la vie de l’autre, s’inquiétant des résultats scolaires d’un enfant ou de l’affection d’un autre, sachant même réconforter, ignorant, avec une immense pudeur, sa propre souffrance.

Ta mémoire, Paul, tes petites réflexions pertinentes, ton extrême sensibilité continueront à nous habiter, nous, tes amis ou tes élèves.

MICHEL DUMAS