CASE REPORT / CAS CLINIQUE
THROMBOSE DU SINUS LATERAL ET DE LA VEINE JUGULAIRE APRES UN TRAUMATISME CRANIEN FERME
LATERAL SINUS AND JUGULAR VEIN THROMBOSIS FOLLOWING CLOSED HEAD INJURY
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RESUME Introduction Objectif Observation Conclusion Mots clés: Thrombose veineuse cérébrale; traumatisme crânien; anticoagulants. INTRODUCTION Les étiologies des thromboses veineuses cérébrales (TVC) sont très variées et les traumatismes crâniens (TC) en représentent une cause rare mais classique (7-8). Il existe une trentaine d’observations publiées contrastant avec la grande fréquence des TC, ce qui suggère que cette étiologie serait exceptionnelle ou probablement sous-diagnostiquée. En effet, le contexte post traumatique explique le retard diagnostic, ce qui pourrait aggraver le pronostic de cette TVC (5). OBSERVATION Un homme de 23 ans suivi pour une schizophrénie, a eu suite à une tentative de suicide (chute d’une voiture en mouvement) un traumatisme crânien fermé avec perte de connaissance initiale d’une trentaine de minutes. L’examen neurologique à l’admission était normal de même que la tomodensitométrie (TDM) cérébrale qui ne montrait pas d’anomalie parenchymateuse ou osseuse. La possibilité d’un impact cervical n’a pas été précisé. Quarante-huit heures plus tard, le patient a consulté aux urgences pour des céphalées intenses et des vomissements sans convulsions ni signe de focalisation. L’examen neurologique était normal et le fond d’il montrait une papille congestive (dème papillaire stade I). La TDM cérébrale objectivait une hyperdensité spontanée (Figure 1) évocatrice d’une thrombose du sinus latéral droit. Celle-ci a été confirmée par l’angiographie par résonnance magnétique (ARM) qui objectivait une extension de cette thrombose à la veine jugulaire interne homolatérale (Figure 2), associé à un infarcissement hémorragique temporal droit (Figure 3). L’examen ORL et un bilan étiologique à la recherche d’une thrombophilie (dosage de la protéine C et S, antithrombine III, homocystéinémie, recherche d’une mutation du gène des facteurs II et V) était négatif. Un traitement par héparine non fractionnée puis antivitamine K a permis une amélioration rapide des symptômes, sans séquelles neurologiques. Ce traitement a été arrêté après 6 mois sans récidive après 4 ans de recul. DISCUSSION La chronologie des événements neurologiques chez ce patient (TC avec perte de connaissance puis apparition des symptômes après un intervalle libre de 48 heures) est suggestive d’un hématome intracrânien, en particulier extradural, mais celui-ci a été éliminé après la réalisation de la TDM cérébrale. Une TVC a été découverte fortuitement lors de cet examen radiologique puis confirmée par l’ARM, permettant de rattacher a posteriori le syndrome d’hypertension intracrânienne à cette TVC. Comme dans le cas décrit ici, la TVC post traumatique ne semble pas présenter de particularités sémiologiques mais les circonstances de sa survenue expliquent la difficulté d’y penser. Le délai d’installation des signes neurologiques après le TC est variable allant de quelques heures à plusieurs jours (9). Ce délai était court, autour de 48 heures chez notre patient. Les signes cliniques sont variés, mais généralement, on retrouve un syndrome d’hypertension intracrânienne (HTIC) éventuellement associé à des signes de focalisation. Chez l’adulte, le système veineux collatéral est bien développé et exerce une fonction compensatrice expliquant probablement le caractère moins bruyant du tableau clinique et par conséquence, une plus grande proportion de diagnostics méconnus. Chez l’enfant, la croissance incomplète des collatérales veineuses pourrait faciliter le diagnostic de la thrombose veineuse, en rendant le syndrome d’HTIC plus évident (6). Le diagnostic positif est fortement suggéré par l’imagerie par tomodensitométrie qui peut montrer une hyperdensité linéaire spontanée sur le trajet d’un sinus veineux ou l’absence d’opacification du confluent des sinus par le produit de contraste, qualifiée de signe du triangle vide ou signe du delta. Cependant, l’examen le plus spécifique est l’imagerie par résonnance magnétique couplée aux séquences angiographiques qui permet de confirmer l’absence de visualisation d’un ou plusieurs sinus. Classiquement, le sinus longitudinal supérieur est le plus touché au cours des TVC (2). Par contre, si l’étiologie est traumatique, l’atteinte du sinus latéral semble plus fréquente et peut s’étendre à la veine jugulaire comme chez notre patient. Les veines profondes sont plus rarement touchées (3). CONCLUSION Dans les suites d’un traumatisme crânien, l’apparition de symptômes neurologiques, en particulier d’une HTIC doit faire rechercher une TVC après avoir éliminé les causes classiques dans ce contexte. |