CASE REPORT / CAS CLINIQUE
TUMEUR FIBREUSE SOLITAIRE DE L’ORBITE (UN CAS)
ORBITAL SOLITARY FIBROUS TUMOR (CASE REPORT)
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RESUME Introduction Observation Discussion Conclusion Mots clés : Tumeur fibreuse solitaire, orbite, œil, exophtalmie. SUMMARY Introduction Observation Discussion Conclusion Key words : Solitary fibrous tumour, orbit, eye, exophthalmia INTRODUCTION La tumeur fibreuse solitaire (TFS) de l’orbite est une tumeur mésenchymateuse rarement retrouvée dans l’orbite. L’expression clinique et radiologique est non spécifique ainsi que sa prise en charge thérapeutique. Le diagnostic de la TFS est essentiellement anatomopathologique. Elle se différencie des autres tumeurs mésenchymateuses par la forte expression de l’antigène CD34 et de la vimentine en immunohistochimie. Nous rapportons l’observation d’un patient pris en charge au service de Neurochirurgie pour exophtalmie gauche non douloureuse. OBSERVATION Mr. B. A, âgé de 43 ans, présentait depuis 14 mois une inflammation conjonctivale de l’il gauche, avec apparition progressive d’un ectropion et une exophtalmie qui s’est aggravée d’une limitation de la motilité oculaire et d’une cécité. L’examen clinique a révélé une exophtalmie axile irréductible indolore et non pulsatile (figure 1), l’acuité visuelle : OD 6/10 OG (-), tonus oculaire: OD normal OG (-), avec limitation de la motilité, chémosis et hémorragie sous-conjontivale de l’il gauche. L’échographie oculaire a mis en évidence une masse tissulaire mesurant 30,5×42,4 mm échogène hétérogène et rétro-occulaire, vascularisée au doppler couleur, responsable d’une exophtalmie. L’IRM orbitaire a mis en évidence un processus bien limité, tissulaire rétro-occulaire gauche mesurant 37mm×45mm×40mm, en iso-signal T1, hyper-signal T2 prenant le contraste de manière intense et hétérogène avec des zones vides de signal en rapport avec des vaisseaux (figures 2, 3, 4, 5). La voie d’abord était frontoorbitaire de Maroon et Kennerdel(8): confectionnant un volet à 4 trous dont 2 importants : un en frontal médian proche de la base et un latéral juste derrière la crête frontale latérale, deux autres trous en frontale supérieur. Nous réunissons les trous supérieurs aux inferieurs puis nous coupons au ciseau froid le rebord orbitaire interne et externe jusqu’au toit de l’orbite. Nous obtenons un volet emportant l’écaille frontale, l’arcade et le toit de l’orbite. Nous restons en extradural et nous obtenons un jour excellent sur tout le contenu orbitaire(7). L’exérèse était totale par évidemment et accouchement, découvrant une tumeur encapsulée hémorragique. L’étude histologique a mis en évidence une prolifération tumorale fusocellulaire d’aspect bénin. L’étude immunohistochimique a montré une positivité diffuse et homogène du CD34 avec une positivité focale de la PS100, confirmant la tumeur fibreuse solitaire (figures 8, 9,10). DISCUSSION La tumeur fibreuse solitaire est le nom donné à la rare tumeur constituée de cellules en fuseau, et qui survient habituellement au niveau de la plèvre. Décrite initialement par Klemperer et Rabin en 1931 (1, 2, 4, 5, 6) comme étant un mésothéliome pleural. Connue comme étant une tumeur pleurale localisée, pédiculée, large, d’évolution lente et qui était supposée être d’origine mésothéliale (2). Cette origine a été controversée (2, 4). Plusieurs études histologiques, immunohistochimiques, ultra structurales ont conclu a des cellules proches des fibroblastes ou des cellules du stroma submésothélial (2, 4, 6). La tumeur a été décrite récemment dans d’autres localisations extrapleurales dont le poumon, le médiastin, le péritoine, les voies respiratoires supérieures, la thyroïde, le foie et les tissus mous. Les localisations orbitaires sont exceptionnelles (6). La première localisation orbitaire a été rapportée en 1994 par Dorfman et al, et Westra et al (6). La distribution par sexe note une prédominance masculine. C’est une tumeur de l’adulte jeune, l’âge moyen est de 34 ans, avec des extrêmes de 9 à 45 ans (3, 6). L’IRM orbitaire est l’examen de choix pour l’orientation diagnostic. A l’IRM, la tumeur fibreuse solitaire apparaît iso intense par rapport à la substance grise cérébrale en séquence T1, avec un rehaussement homogène ou hétérogène à l’injection du gadolinium. En séquence T2, la tumeur est hypo-intense. La partie centrale de la tumeur est souvent hypo intense en T1 et en T2. Les caractéristiques radiologiques distinctives de la tumeur fibreuse solitaire sont : le signal hypo-intense en T2 avec des signaux hétérogènes intra lésionnels (5). Le caractère bien limité de la tumeur facilite une exérèse chirurgicale totale. L’effet des traitements adjuvants (radiothérapie et chimiothérapie) est actuellement inconnu. Récemment, l’analyse génétique de la tumeur fibreuse solitaire de l’orbite a prouvé une translocation t[9; 22] (q31; p13) et un chromosome Philadelphia t[9; 22] (q34; q11), retrouvé dans certains cancers hématologiques. Ces anomalies génétiques peuvent survenir au cours de l’évolution ou de la récidive de la tumeur (1, 2, 5, 8). De rare cas de récidive après exérèse totale de la tumeur ont été rapporté et sont toujours le fait de résidus tumoraux. Le véritable facteur pronostique étant l’exérèse totale de la tumeur. CONCLUSION La TFS de l’orbite est une tumeur bénigne. Le diagnostic est histologique. Le traitement est chirurgical par exérèse la plus complète possible, afin d’éviter les récidives et la transformation maligne. BIBLIOGRAPHIE
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