Le rapport récent de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS, WHO)) sur « The public-health challenges of neurological disorders »mérite d’être salué, car il permettra de porter une attention particulière sur les affections neurologiques, considérées dans la plupart des pays sub-sahariens comme étant marginales. Toutefois, cette démarche suscite une remarque fondamentale. Le problème de l’accessibilité aux soins neurologiques est complexe car multifactoriel, impliquant plusieurs acteurs sur fond crucial de nécessaires allocations de ressources financières. En effet, à la question posée par le LANCET (1) Neurology in sub-saharian Africa – WHO cares ?, on peut répondre par une autre question : QUI PAYE ? WHO PAYS ? La focalisation de l’action neurologique à partir du village me paraît irréaliste. En effet, lorsque les indices diagnostiques auront été relevés au niveau local, le recours à un avis spécialisé sera nécessaire. Or, il existe une pénurie… mortelle de médecins et plus particulièrement de neurologues, 0.3 pour un million d’habitants. Il faudra ensuite réaliser des examens complémentaires ( EEG, EMG, CT-Scan, …), moyens diagnostiques d’accès exceptionnels et qui ont un coût.En dehors de la République d’Afrique du Sud, on ne compte que 3 IRM dans les hôpitaux publiques dans toute l’Afrique sub-saharienne, soit 600 millions d’habitants, c’est-à-dire la population de l’Europe et de la Russie réunie ! Le prix d’un examen CT – Scan est d’environ 100 $ et le budget par habitant est de 1$ par jour pour 90% de la population. Il faudra ensuite payer les médicaments quand on sait que presque la totalité de la population n’est pas couverte par une assurance-maladie. Who pays ? Des solutions de financement existent et il ne s’agit pas de mendicité. Les dépenses de santé par habitant s’élèvent en moyenne à 3100$ (11% du PIB) dans les pays riches. Elles ne représentent que 81 $ pour les pays en voie de développement (6% du PIB). Le rapport rédigé sous la direction de Jeffrey SACHS ( 2 ) à la demande de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Macroéconomie et santé : investir dans la santé pour le développement économique, 2001 est formel : une augmentation des moyens financiers de 72 milliards d’euros par an dans le domaine de la santé permettrait de dégager au moins 396 milliards de gains annuels au bout de quinze ans, tout en sauvant 8 millions de vies chaque année. Les engagements financiers peuvent apparaître très importants, mais le retour sur investissement – outre les vies sauvées – est considérable. Ce même rapport précise qu’environ 34 $ par personne et par an sont nécessaires pour couvrir les interventions essentielles des pays à faibles revenus : le VIH/Sida, le paludisme, la tuberculose, les pathologies maternelles et périnatales, les causes fréquentes de décès de l’enfant (rougeole, tétanos, diphtérie, infections respiratoires aiguës, les maladies diarrhéiques), la malnutrition, les autres infections prévenues par une vaccination, les maladies liées au tabac. La plus grande partie de cette somme devra être financée par le secteur public. REFERENCES
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