CLINICAL STUDIES / ETUDES CLINIQUES
ABCES AMIBIEN CEREBRAL: A PROPOS DE TROIS CAS AVEC REVUE DE LA LITTERATURE
AMOEBIC CEREBRAL ABSCESS: A REPORT OF THREE CASES WITH LITERATURE REVIEW
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RESUME Introduction Matériel et méthode Résultats Conclusion Mots clés: amibiase; abcès cérébral; IRM ; TDM; examen histologique ABSTRACT Introduction Material and Method Results Conclusion Keyword: Amibiasis; brain abscess; MRI; CT scan; histological exam INTRODUCTION L’amibiase cérébrale est une infection rare due à Entamoeba histolytica à l’issue presque toujours fatale [7] dont elle est responsable de 4,2 % à 8,5 % des décès par amibiase [10, 16]. La présentation clinique ainsi que les résultats de l’imagerie ne sont pas spécifiques. Il s’agit d’une atteinte sporadique dont le pronostic est habituellement sombre [5, 6]. MATERIEL ET METHODES Il s’agit d’une étude rétrospective menée dans le service de neurochirurgie à l’Institut National Mongi Ben Hamida de neurologie de Tunis portant sur une rare localisation de l’infection amibienne. Trois observations ont été colligées entre 2010 et 2013. Tous les patients ont bénéficiés d’un examen clinique complet, d’un bilan radiologique comportant une tomodensitométrie et une imagerie par résonnance magnétique cérébrale, d’un examen anatomopathologique et d’une sérologie. RESULTAT Cas 1 Il s’agit d’un patient âgé de 56 ans, sans antécédents pathologiques particuliers, qui travaille comme éboueur. La symptomatologie était une lourdeur de l’hémicorps droit évoluant depuis 1mois et d’aggravation progressive sans troubles digestives. A l’examen, le patient était conscient avec une hémiparésie droite. Le bilan biologique était normal. La TDM et l’IRM cérébrales ont montrés une lésion pariéto-occipitale gauche (fig.1). Le patient a été opéré ayant eu une exérèse complète d’une lésion abcédée entourée d’une coque épaisse et adhérente au parenchyme cérébral. Les suites opératoires étaient simples. La culture de l’abcès était négative. L’examen anatomopathologique ainsi que la sérologie ont confirmé le diagnostic d’abcès amibien. DISCUSSION Selon l’OMS, de 10 à 12 % de la population mondiale est infectée par cette parasitose avec une mortalité jusqu’à 100.000 décès dans le monde chaque année [1]. 10 % des sujets infectés par Entamoeba histolytica développent une amibiase maladie ce qui affecte la vraie incidence et prévalence de l’infection à Entamoeba histolytica [1]. La prévalence en Afrique est estimée entre 2 et 40% principalement dans le sud-est et l’ouest de l’Afrique [10, 16]. L’atteinte cérébrale est rare et survient dans moins de 1% des patients atteints d’amibiase digestive [11]. Quelques dizaines de cas ont été rapportés dans la littérature [9]. Le principal agent pathogène est Entamoeba histolytica [5, 8]. L’atteinte du système nerveux central se fait par voie hématogène entrainant des lésions nécrotiques uniques ou multiples [6, 13]. La présentation clinique classique a été décrite par Armitage [2]. Il s’agit généralement d’un patient de sexe masculin, l’âge moyen est de 32 ans, qui présente un syndrome dysentérique, aigu ou chronique avec une hépatite suppurée. L’installation des signes neurologiques est rapide avec céphalées, des déficits moteurs, des troubles du comportement et du langage, des convulsions voire un coma. Le décès survient 10 à 15 jours après les premiers symptômes neurologiques [2]. Pour nos patients, il n’y avait pas de tableau dysentérique dans leurs antécédents et les explorations réalisées n’ont pas objectivés d’atteinte hépatique associée. Les aspects radiologiques sont indiscernables de toute autre cause d’abcès cérébral [3, 9, 11]. L’aspect initial est une encéphalite, 5 jours plus tard apparait un abcès avec un anneau périphérique [3]. L’IRM cérébrale montre une masse d’aspect nécrotique avec une capsule modérément hyperintense et un centre hypo-intense en pondération T1, hyperintense en pondération T2; important dème périphérique, bien visible sur la séquence FLAIR, participant à un effet de masse marqué sur les structures adjacentes. La capsule périphérique est rehaussée après injection de produit de contraste, alors que le centre n’est pas modifié par l’injection. Le centre lésionnel est nettement hyperintense sur la séquence de diffusion, avec une diminution du coefficient apparent de diffusion, témoignant de son caractère cellulaire [4, 6, 14, 15]. Pour nos trois observations, l’imagerie se ressemble aux données de la littérature. L’identification d’amibe nécessite des méthodes spécifiques telles que les techniques d’immunofluorescence, l’immuno-histochimie et la PCR [11]. La sérologie reste le diagnostic de certitude avec une sensibilité 70-90% mais elle reste positive plusieurs mois voire des années après guérison [13]. Le traitement est essentiellement médicochirurgical. L’indication opératoire est à but diagnostique et thérapeutique et le traitement médical (basé sur le Métronidazole) n’est posé qu’après confirmation diagnostique [4, 7]. En général, avec un diagnostic correct et un traitement antiamibien approprié, les résultats sont bons [11]. Tous nos patients ont été opérés et l’examen histologique des pièces opératoires ainsi que la sérologie ont confirmé l’origine amibienne de ces lésions. L’atteinte cérébrale était isolée pour les trois cas car le bilan d’extension n’a pas mis d’autres localisations. L’importance de la morbidité (10 % de la population mondiale) et de la mortalité (100 000 décès par an) engendrées par Entamoeba histolytica [1] renforce les besoins de développer des stratégies de contrôle des maladies que ce microbe produit chez l’homme. Un objectif innovant est de proposer de nouvelles méthodes de prévention, des tests de diagnostic efficaces et peu coûteux et des approches prophylactiques. La recherche de facteurs de virulence d’Entamoeba histolytica est en cours d’expérience. Elle espère ainsi identifier des cibles thérapeutiques spécifiques du parasite, pour permettre la mise au point d’un traitement adapté. L’induction d’une immunité protectrice en est au stade expérimental dont il ressort qu’on devrait réussir à mettre au point un vaccin antiamibien [5]. CONCLUSION L’amibiase reste une menace dans toute la zone intertropicale et réapparaît dans de nouveaux foyers. Sa gravité est liée pouvoir pathogène spécifique du parasite et sa capacité à diffuser dans les tissus. L’atteinte cérébrale est rare et méconnue. L’évolution est fatale en l’absence de diagnostic et d’un traitement adapté. Cette entité pathologique doit faire partie des diagnostics différentiels des lésions du SNC surtout s’il y a des éléments épidémiologiques et cliniques en faveur.
REFERENCES
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