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ORIGINAL PAPERS / ARTICLES ORIGINAUX
LE COUT DE LA PRISE EN CHARGE DES ACCIDENTS VASCULAIRES CEREBRAUX DANS LES CHU DE LOME EN 2025
THE COST OF STROKE CARE IN LOME UNIVERSITY HOSPITALS IN 2025
E-Mail Contact - GUINHOUYA KOKOU MENSAH :
herve_guinhouya@yahoo.fr
Résumé Introduction : Les AVC constituent une urgence diagnostique et thérapeutique mobilisant d’importants moyens financiers. L’objectif principal de notre étude etait d’évaluer la charge financière directe liée à l’hospitalisation d’un patient pour AVC dans les CHU de Lomé.Méthodes : Il s’est agi d’une étude transversale descriptive et analytique à recueil de données prospective allant du 09 Avril au 09 Octobre 2024 soit une période de six mois. Résultats : Au total 306 patients des deux CHU de Lomé ont été inclus dans notre étude. L’AVCI prédominait avec un pourcentage de 60,78 contre 39,2 pour l’AVCH. L’âge moyen de survenu des AVC était de 53,32 ± 13,15 ans avec des extrêmes de 30 et 100 ans. Le cout moyen global de prise en charge des AVC était de 369790 FCFA (563,74 euros) soit 7 fois le SMIG pour une durée moyenne de 7,10 jours. Les postes de consommation les plus représentés étaient les produits pharmaceutiques et les examens paracliniques soit environ 78,5%. La plupart des patients, 68,6%, avaient une assurance maladie. Conclusion : Cette étude nous a permis de retenir que la prise en charge des AVC est couteuse pour les patients.Mots-clés : AVC, coût, Lomé.
Abstract Introduction: Strokes are a diagnostic and therapeutic emergency requiring significant financial Methods: This was a descriptive and analytical cross-sectional study with prospective data collection from April 9 to October 9, 2024, a period of six months. The main objective of our study is to assess the direct financial burden associated with the hospitalization of a patient for stroke in the teaching hospitals of Lomé. Results: A total of 306 patients from the two University Hospitals of Lomé were included in our study. Ischemic stroke predominated with a percentage of 60.78 versus 39.2 for hemorrhagic stroke. The mean age of onset of strokes was 53.32 ± 13.15 years with extremes of 30 and 100 years. The overall average cost of stroke care was 369790 FCFA (563,74 euros), or 7 times the minimum wage for an average duration of 7.10 days. The most represented items of consumption were pharmaceutical products and paraclinical examinations or approximately 78.5%. The majority of patients, 68.6%, had health insurance. Conclusion: This study allowed us to conclude that stroke management is costly for patients. Keywords: cost, stroke, Lomé
Introduction Les accidents vasculaires cérébraux (AVC) constituent un enjeu majeur de santé publique de par leur morbi-mortalité et leur incidence sans cesse croissante avec une prévision de l’Organisation Mondiale de le Santé (OMS) de 16 millions de cas en 2005 à 23 millions en 2030 (4,10). La prise en charge d’un AVC engage des dépenses à l’instar de tout évènement de santé. Les dépenses engendrées par les AVC sont considérables en Afrique où le Produit Intérieur Brut (PIB) reste pami les plus bas au monde (1, 2,5,8,13, 14, 15). Différentes études en Afrique sub-saharienne (1,8,14), rapportent, un coût moyen pour une hospitalisation pour AVC entre 5 et 15 fois le revenu mensuel moyen, impactant fortement les ménages. Le Togo étant, un Etat Africain, un Pays en Voie de Développement (PVD) avec un PIB faible et un Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti (SMIG) de l’ordre de 52500 FCFA (80,15 euros) (12), l’évaluation de la charge financière liée à la survenue d’un AVC s’avère indispensable d’autant plus que, les AVC connaissent une forte augmentation dans nos communautés Africaines (3). Au Togo, les données relatives à cette charge financière datent de 2005 (13). Une période marquée par la non disponibilisation, dans les 2 centres hospitaliers universitaires (CHU) de Lomé, de la tomodensitométrie ainsi que d’une assurance maladie. Laquelle assurance, sera instituée par l’Etat Togolais en 2012 (14), rediscutant ainsi les coûts à la charge des ménages. Pourtant, aucune étude n’a évalué l’impact de ces progrès sur les coûts réels supportés par les patients. Cette étude vise à fournir des données actualisées sur les coûts directs de la prise en charge des AVC dans les CHU de Lomé. Méthodologie Les services de neurologie des deux CHU (Sylvanus Olympio et du Campus) de Lomé nous ont servi de cadre d’étude. Il s’est agi d’une étude prospective de type économique, à visée descriptive et analytique allant du 09 Avril au 09 Octobre 2024. La population d’étudeétait constituée des patients victimes d’AVC confirmé à la tomodensitométrie (TDM) ou à l’imagerie par résonance magnétique (IRM) cérébrale et ayant un score NIHSS inférieur à 20 à l’admission. N’étaient pas inclus dans notre étude les patients avec un score de NIHSS supérieur à 20 (admis en réanimation polyvalente). Le recueil des données a été effectué à partir d’une fiche d’enquête standardisée. Les variables d’étude portaient sur les données socio-démographiques du patient (âge, sexe, assurance maladie ou non), les types d’AVC (ischémique ou hémorragique, la durée d’hospitalisation), les coûts directs (médicaments, examens, actes médicaux, frais d’hospitalisation, dépenses des accompagnants ainsi que les frais divers comportant les déplacements éventuels du ou des accompagnants, leur restauration, les communications téléphoniques et les éventuels émoluments des accompagnants). Enfin, toutes les composantes du coût direct étudiées ont été globalisées en raison d’une prise en charge du coût, dans la totalité des cas étudiés, de manière complémentaire par le patient et ses parents. Résultats Notre étude a porté sur 306 patients hospitalisés pour AVC dans les deux CHU de Lomé, soit 306 patients dont 255 au CHU Campus et 51 au CHU Sylvanus Olympio (SO). L’âge des patients variait entre 30 et 100 ans avec une moyenne d’âge de 57,34 ans et un sexe-ratio (H /F) de 1,04. Cent quatre-vingt-quatre (60%) patients étaient fonctionnaires, 30(10%) était retraités, 15 (5%) étaient sans emploi et 77 (25%) étaient dans le secteur informel ou à leur compte (artisans, conducteurs de taxi-moto, revendeurs de fruites, friperie). Cent quatre-vingt-six (60,78%) patients avaient un AVCI et 120 (39,22%) avaient un AVCH. Deux cent dix (68,6%) patients, avaient une assurance maladie nationale avec une prise en charge de 80%. Nous rapportons au tableau 1 les caractéristiques socio-démographiques des patients de notre étude Le coût moyen global des AVC était de 369790 FCFA (563,74 euros), 360250 FCFA (550 euros) pour les AVCI et 344890 FCFA (526,55 euros) pour les AVCH. Les patients non assurés avaient dépensé en moyenne 378295 FCFA (576,71 euros) contre 288885 FCFA (440, 41 euros) pour les assurés. La majorité des patients, 90,2%, étaient hospitalisés en salle commune contre 9,8% en cabine. Le coût moyen des examens complémentaires était de 60340 FCFA (91,99 euros) pour les AVC, tandis que, selon le type d’AVC, ils revenaient en moyenne 83725 FCFA (127,64 euros) pour l’AVCI contre 49130 FCFA (74,90 euros) pour l’AVCH. Les actes médicaux coûtaient en moyenne 9735 FCFA (14,86 euros) pour les AVC, 11085 FCFA (16,90 euros) pour l’AVCI contre 7670 FCFA (11,69 euros) pour l’AVCH et les frais d’hospitalisation représentaient en moyenne 22190 FCFA (33,90euros) pour les AVC, 21420 FCFA (32,70 euros) pour l’AVCI contre 23380 FCFA (35,70 euros) pour l’AVCH. Les dépenses des accompagnants coutaient en moyenne 40945 FCFA (62,42 euros) pour les AVC contre 43855 FCFA (66,95 euros) pour l’AVCI contre 36275 FCFA (55,38 euros) pour l’AVCH. Les autres frais (actes médicaux, réanimation, service admission) représentaient en moyenne 9745 FCFA (14,86 euros) pour les AVC, 11085 FCFA (16,92 euros) pour les AVCI et 7670 FCFA (11,70 euros) pour les AVCH. La durée moyenne de séjour a été de 7,10 jours. Nous rapportons dans le tableau 2, le récapitulatif des coûts moyens directs de la prise en charge des AVC. Discussion L’âge moyen dans notre série était de 57,34 ± 13,21 ans avec des extrêmes de 30 et 100 ans. Les résultats similaires ont été rapportés par TEPE en 2005 au Togo soit une moyenne d’âge de 54,15 ans avec des extrêmes de 30 et 80 ans (13). Ce résultat est superposable à celui rapporté en Ouganda par OLUM (10). Nous avons aussi noté une prédominance masculine avec un sex-ratio (H/F) à 1,04 contrairement à OLUM en Ouganda (10). La charge financière des dépenses de 68,6% des patients de notre étude était partagée avec une assurance contre un pourcentage nul en 2005 (13). Cela peut s’expliquer par le fait que le régime d’assurance maladie au profit des agents publics et assimilés a démarré ses prestations en 2012 et que le niveau de vie de la population an 2005 ne permettait pas à un grand nombre de s’offrir une assurance maladie privée contrairement en 2024 où une assurance maladie universelle est mise à la disposition de toutes les couches sociales (6, 7, 11). La durée moyenne de séjour dans notre série, était de 7,10 jours avec des extrêmes de 01 et 19 jours contrairement à une moyenne de 17,44 jours avec des extrêmes de 03 et 41 jours rapportées en 2005 (13). Cette grande différence peut s’expliquer par la réduction de la durée de séjour des patients en optimisant la prise en charge avec une bonne éducation des patients et de leurs accompagnants afin de faciliter un retour précoce à domicile. La salle commune était la salle la plus occupée aussi bien dans notre étude qu’en 2005 (13). La moyenne des dépenses en produits pharmaceutiques tout AVC confondu était de 327,42 euros dans notre série contre 170,36 euros en 2005 (13). Ces grandes différences seraient peut-être dues à une augmentation du prix des produits pharmaceutiques de nos jours avec l’avènement des spécialités médicamenteuses qui prennent plus de place dans la prescription par les agents de santé. Ainsi, les examens paracliniques ont couté en moyenne 91,99 euros dans notre étude contre 147,50 euros en 2005 (13). Cette grande différence de prix serait due entre autres à la disponibilité et l’accessibilité dans les deux centres de prise en charge de la TDM cérébrale subventionnée par les autorités, examen réalisé par la totalité des patients et qui constitue une partie importante des dépenses ; sans oublier la diminution du prix de la plupart des examens biologiques et l’accessibilité de l’assurance maladie qui couvre 80% des dépenses (11, 13). Le coût moyen des actes adjuvants était évalué à 14,86 euros dans notre étude contre 9,43 euros en 2005 (13). Les actes dans notre étude étaient essentiellement la kinésithérapie et l’orthophonie. Ce coût assez faible serait expliqué par le fait que les rééducations se sont le plus souvent poursuivies à domicile afin de réduire les durées de séjour des patients et les études n’ont pris en compte que les dépenses faites à l’hôpital. Frais d’hospitalisationUn patient hospitalisé pour AVC paie en moyenne 369790 FCFA (563,74 euros) comme frais d’hospitalisation contre 785,62 euros en 2005 (13). Cette grande différence est expliquée par deux facteurs principaux : la durée d’hospitalisation et le prix des salles. En effet, la durée d’hospitalisation est passée d’une moyenne de 17,44 jours en 2005 (13) à 7,10 jours en 2024. Le prix des salles d’hospitalisation, au CHU Campus, où on a la plus grande taille de notre échantillon soit 83,33 %, est passé pour la chambre commune (la salle la plus occupée) de 4500 FCFA (6,87 euros) à 2500 FCFA (3,81 euros) en deux décennies (13). En moyenne dans notre étude, la prise en charge d’un patient hospitalisé pour AVC a dépensé environ 7 fois le SMIG actuel 52575 FCFA (80,15 euros) contre environ 19 fois le SMIG 20025 FCFA (30,53 euros) en 2005 (13). Cette différence de prix est due à plusieurs facteurs notamment l’introduction de l’assurance maladie au profit des agents du public et assimilés il y a 12 ans. Cependant, du point de vue du SMIG, les avancées ont été significatives, on est passé de 19 fois le SMIG à 7 fois le SMIG. Coût global de la prise en charge en fonction du mode de règlementDans notre étude, les dépenses étaient plus réduites chez les patients ayant une assurance maladie avec une différence d’environ 136,30 euros en comparaison avec les patients non assurés. Cette différence aurait été plus grande si ces patients n’avaient pas privilégié les cabines et en plus, ils avaient de grosses dépenses du coté de leurs accompagnants. Au cours de l’étude de 2005, aucun patient n’était assuré (13). Conclusion Les AVC constituent le principal motif d’hospitalisation en neurologie occasionnant des dépenses non négligeables. Dans nos contextes où les ménages contribuent au financement de la santé, il est important de déterminer la charge financière des pathologies constituant un problème de santé publique notamment les AVC et d’en assurer une mise à jour assez régulière. ![]() ![]()
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