CLINICAL STUDIES / ETUDES CLINIQUES
QUALITE DE VIE APRES UN ACCIDENT VASCULAIRE CEREBRAL AU SENEGAL: A PROPOS DE 50 CAS
QUALITY OF LIFE AFTER STROKE IN SENEGAL: ABOUT 50 CASES
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RESUME Introduction Objectif Patients et Méthodes Résultats Conclusion Mots clés : AVC, qualité de vie, Sénégal ABSTRACT Introduction Patients And Methods Results Keywords: quality of life, stroke, Senegal, INTRODUCTION L’Accident Vasculaire Cérébral (AVC) est défini comme étant le développement rapide de signes cliniques de dysfonction cérébrale avec des symptômes durant plus de 24h, sans autre cause apparente qu’une origine vasculaire (14). Il constitue la 3éme cause de mortalité dans les pays industrialisés (14). La qualité de vie étant la perception d’un individu quant à la position qu’il occupe dans la vie, dans le contexte culturel et des valeurs qui régissent ses objectifs, ses attentes, son niveau de vie et ses inquiétudes (5).) Nos objectifs étaient d’évaluer la répercussion de l’AVC sur la qualité de vie, de façon générale. De façon plus spécifique, déterminer le score d’autonomie fonctionnelle grâce à l’index de Barthel (8) , déterminer la qualité de vie des patients par rapport à la nature du handicap, et de préciser la qualité de vie sur la réinsertion socioprofessionnelle. METHODOLOGIE Il s’agit d’une étude prospective, longitudinale, réalisée à la clinique neurologique de FANN allant de février 2008 à mai 2009. Tous nos patients souffraient d’un AVC confirmé par une TDM cérébrale. Les patients étaient vus à la phase initiale de l’AVC et après 6 mois. Ils étaient soumis à un questionnaire de 13 questions sur 13 éléments étudiés : caractéristiques sociodémographiques, données cliniques, itinéraires thérapeutiques, nature de l’AVC et son mécanisme, antécédents et facteurs de risque, nature du handicap (type du déficit clinique séquellaire), traitement reçu, autonomie fonctionnelle selon l’index de Barthel, reprise des activités socioprofessionnelles, relation de la vie conjugale, et dans le milieu familial, comportement du malade par rapport à son handicap, et les activités du temps libre. L’index de Barthel (tableau I) étant constitué par une évaluation de 10 éléments avec un score total de 100, les résultats interpréter en 4 stades, une dépendance totale, avec score inférieur à 20, sévère si entre 20 et 40, modéré si 40 et 60, et léger supérieur à 60 (C). L’analyse de nos données a été réalisée grâce au logiciel SPSS 10.0. RESULTATS Notre étude a porté sur 50 patients, qui étaient âgés de 15 à 82 ans avec une moyenne de 60 ans. Parmi notre cohorte, 54% étaient entre 55et 74ans, les plus jeunes (15ans à 34ans) représentaient 6% seulement. Le sexe masculin était à 56%, la sex ratio 1,27. 70% de nos patients étaient mariés, 66% non scolarisés, 14% étaient scolarisés au niveau du premier cycle secondaire, 20% étaient des ruraux, 80% urbains et semi-urbains, 52%sans emploi, 18% dans le secteur tertiaire. Dans notre échantillon 54% ont bénéficié d’une prise en charge spécialisée entre 6h et 24h, seuls 14% étaient vus dans les 3h. La prévalence de l’AVCI était de 70% celle de l’AVCH était de 30%. 66% des patients avaient un index de Barthel à 6 mois entre (60-100), 24% avaient un index entre (40-60), 6% étaient entre (0-20), 4% entre (20-40). Le score était significativement meilleur chez les jeunes de la série (15ans-34ans) qui avaient tous un index de Barthel entre (60-100), 71,43% de la tranche (35-54) avaient un index entre (60-100), et 62,96% de la tranche (55-74) étaient entre (60-100). Par ailleurs 50% des patients de la tranche supérieure à 75ans étaient dans le même intervalle (60-100) (voir tableau II). Les sujets jeunes avaient un retentissement plus marqué (perte de travail et de revenu financier pour la famille, plus importante dépression et une plus grande difficulté d’insertion) sur la qualité de vie malgré un score de Barthel meilleur que chez les sujets âgé. Ce retentissement était plus marqué sur le plan professionnel, familial et économique. Il était plus important chez le sexe féminin avec un impact social plus lourd, une plus grande détérioration physique et cognitive, plus de dépression, plus de restriction dans les activités de la vie quotidienne. Les AVCH avaient des meilleurs résultats avec 73,3% à un index de Barthel entre (60-100), contre 62,86% pour les AVCI dans le même intervalle (voir tableau III). Au plan professionnel, seuls 12% de nos patients ont été réinsérés ; 4% de façon totale et 8% partiellement. Dans leur vie conjugale, La majorité de nos patients n’ont pas noté de changement (54,05%), contre 5,41% de divorce, 21,62% de mal tolérance par le conjoint, et 18,92% d’affection excessive et de surprotection par leurs conjoints. Au plan familial, 56% ne notaient aucun changement, 26% recevaient une affection excessive et une surprotection, 12% vivaient avec une famille distante. Dans 6% des cas la famille était indifférente par rapport aux malades. Une grande partie de notre série 44% acceptaient bien leurs déficits, contre 34% qui acceptaient mal leurs déficits avec parfois une note dépressive, et 22% qui étaient indifférents. Alors que 70% ne faisaient plus d’activités de temps libre (sportives, culturelles, loisirs ou passe temps), 18% continuer à le faire de façon partielle, contre 12% qui ne notaient aucun changement sur ce plan. DISCUSSION Dans notre étude, 66% des patients se situaient entre (60-100) à l’échelle de Barthel. Le statut fonctionnel était prédictif du retour à domicile. Dans la série de Grangère et all (8), il était de 60% avec un score de (5 à 40), 90% avec un score de (45-60), 96% selon un score de 65 à 100. Dans notre série, l’âge jeune est un élément de bon pronostic :100% des patients 15 à 34 ans avaient un index de Barthel à 60-100 versus 50% pour ceux âgé de plus de 75 ans. Plusieurs étude corroborent nos résultats (18). Les patients jeunes se réadaptent plus facilement (7). L’âge n’influencerait que les aspects relatifs aux activités de la vie quotidienne mais pas la récupération neurologique (9). Au Nigeria, dans l’étude portant sur la qualité de vie des survivant après un AVC, Akosile (1) n’avait pas retrouvé de différences significatives entre les deux sexes de même que Owolabi (12). Assogba et all (3) avaient relevé en utilisant le score de Rankin modifié, 38,6% de handicap léger, 31,6% de handicap moyen et 3,5% de handicap sévère. 73,33% des AVCH se situaient entre 60-100 de l’index de Barthel contre 62,86% pour les AVCI. Basse (4) notait les mêmes résultats, de même que Rapin (17) avec une récupération fonctionnelle plus favorable pour les AVCH. 12% de nos patients ont repris une activité professionnelle, un résultat inferieur à celui de Assi (2) où 32% avaient repris l’activité professionnelle chez une population suivie pendant un an, dont 24% de façon totale, et 7% de façon partielle. Chez Pradat et all (16) c’était à 60% de récupération professionnelle, après suivi et évaluation pendant 3ans. En cas de séquelles sévères, une motivation très importante du patient est indispensable(15). Le retour à domicile seul devenir des patients atteints d’AVC constitue un support familial prépondérant à 34,36% (18). Dans notre étude, dans la majorité des cas, on ne notaient pas de changement de la vie conjugale (54,05%) ni de changement pour le milieu familial (56). Mayo et all (9) ont également observé des résultats comparables sur une populationaprès 6 mois d’évolution. Niemi et all (11) rapportaient une détérioration des relations familiales dans 54% des cas. Pour le comportement, 34% de nos patients acceptaient mal leurs handicaps contre 21,7% qui avaient une vision négative de leurs déficits chez Mayo et all (9), et 54% de dépression chez Gallien (6). Assogba et al. rapportaient un taux important de dépression et d’anxiété altérant la qualité de vie qui était diminué avec une moyenne au QOLIE de 0,94 ± 0,30. Cette altération intéressait les domaines de l’émotion, la concentration, la motivation, la motilité et la vie sociale. Elle serait de sévérité variable à l’échelle HRQOL en particulier dans les dimensions physiques, psychiques, cognitives et sociales comme rapporté par Owolabi (12). Parmi nos patients, 70% n’ont pas repris les activités de loisir. Même constat que dans la littérature, chez Petrilli (13) 19 sur 50 avaient repris leurs activités antérieur soit 38% des cas. Chez Niemi et all (10), 80% n’avaient pas repris les leurs au terme de 4 ans. Mayo et all (7), notaient un taux à 72% de difficultés à reprendre les activités de temps libre. Akosile (1) notaient que les meilleurs scores (SS-QOL), utilisé dans son étude, étaient observés dans les domaines de la vision, la pensée, l’humeur et le langage ; les plus mauvais score étaient relevés dans le domaine social. On peut constater que être victime d’un AVC a de fortes répercussions personnelles et communautaires et a un coût élevé pour la société et plus précisément la famille et ceci d’autant plus que le sujet atteint est jeune. CONCLUSION L’AVC du sujet africain, garde ses particularités évolutives avec un pronostic plus réservé et une altération profonde de la qualité de vie n’épargnant aucun domaine de la vie. Il reste une cause importante d’handicap chez le sujet adulte tant sur le plan familial, social, qu’économique. L’absence de politique sanitaire adaptée aggrave le pronostic, et ne permettent pas la prise en charge nécessaire à cette pathologie. Tableau I : index de Barthel
Tableau II : index de Barthel en fonction de l’âge
Tableau III: index de Barthel en fonction de la nature de l’AVC
BIBLIOGRAPHIE
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