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![]() Le Professeur Michel Dumas, éminent neurologue, membre correspondant de l’Académie nationale de médecine, fondateur et directeur honoraire de « l’Institut d’épidémiologie et de santé mondiale Michel Dumas », s’est éteint discrètement à Limoges le 8 novembre 2025, à l’âge de 91 ans. Son départ laisse un vide immense dans les domaines de la neurologie tropicale, de la santé publique et de la coopération scientifique internationale. Né au Mali, il a grandi et étudié au Sénégal où il a été le chef de service de neurologie à Dakar. L’Afrique a été le continent qu’il portait au plus profond de lui-même. Arrivé à Limoges dans les années 70, il y a développé son expertise et son envergure scientifique. En 1981, il fonde l’Institut d’épidémiologie et de neurologie tropicale, qui, sous sa direction, devient une référence mondiale en neurologie et en santé publique. Son influence s’étend bien au-delà des frontières, formant des générations de neurologues africains francophones avant de s’élargir à la santé globale. En 2015, Prof. Dumas s’est vu décerner la médaille « pour service rendu à la neurologie internationale » par la Fédération Mondiale de Neurologie. En hommage à son héritage, l’institut porte aujourd’hui son nom : Institut d’Épidémiologie et de Santé Mondiale–Michel Dumas, symbole de la reconnaissance internationale de son action. Homme d’engagement et de conviction, le Professeur Dumas était connu pour sa gentillesse, son dynamisme, son exigence, son humanisme. Visionnaire, il a fait de Limoges un pôle d’excellence international, tout en œuvrant sans relâche pour renforcer les liens entre la France et l’Afrique. Il est l’auteur ou co-auteur de plus de 500 publications, chapitres de livres. Professeur Dumas a formé un grand nombre de neurologues dont plusieurs sont devenus professeurs en Afrique essaimant ainsi sur tout le continent des centaines de praticiens traitant les maladies du système nerveux. Comme il le confiait dans un journal français en mai 2022 : « J’ai voulu rendre à l’Afrique ce que j’avais reçu » Pendant quarante ans, ses équipes ont mené des recherches pionnières sur les maladies neurologiques tropicales, parmi lesquelles : – La trypanosomiase africaine, – L’épilepsie en zone tropicale, – Les démences liées aux contextes épidémiologiques spécifiques. Son héritage perdure à travers les nombreux médecins et chercheurs qu’il a formés, les études épidémiologiques qu’il a contribué à développer, et les ponts scientifiques qu’il a construits entre tous les continents. Que son souvenir reste vivant dans le cœur de ceux qui l’ont connu, et que son œuvre continue d’éclairer la médecine et la coopération internationale. Nos pensées affectueuses accompagnent ses enfants, ses petits-enfants et tous ses proches. Prof Gilbert Dechambenoît, Prof Kouassi Beugré, Prof Boa Yapo Félix, Prof Thérèse Sonan Douayoua, Prof François Akani, Prof Berthe Assi Obituary Professor DUMAS Michel (1934-2025) ![]() Professor Michel Dumas, eminent neurologist, corresponding member of the French National Academy of Medicine, founder and honorary director of the Michel Dumas Institute of Epidemiology and Global Health, passed away quietly in Limoges on November 8, 2025, at the age of 91. His passing leaves a huge void in the fields of tropical neurology, public health, and international scientific cooperation. Born in Mali, he grew up and studied in Senegal, where he was head of the neurology department in Dakar. Africa was the continent he carried deepest in his heart. Arriving in Limoges in the 1970s, he developed his expertise and scientific stature there. In 1981, he founded the Institute of Epidemiology and Tropical Neurology, which, under his leadership, became a global reference in neurology and public health. His influence extended far beyond borders, training generations of French-speaking African neurologists before expanding into global health. In 2015, Prof. Dumas was awarded the medal “for service to international neurology” by the World Federation of Neurology. In tribute to his legacy, the institute now bears his name: Institut d’Épidémiologie et de Santé Mondiale–Michel Dumas, a symbol of international recognition of his work. Professor Michel Dumas A man of commitment and conviction, Professor Dumas was known for his kindness, dynamism, high standards, and humanism. A visionary, he made Limoges an international center of excellence, while working tirelessly to strengthen ties between France and Africa. He is the author or co-author of more than 500 publications and book chapters. Professor Dumas trained a large number of neurologists, several of whom became professors in Africa, thus spreading hundreds of practitioners treating diseases of the nervous system across the continent. As he confided to a French newspaper in May 2022: “I wanted to give back to Africa what I had received.” For forty years, his teams conducted pioneering research on tropical neurological diseases, including: – African trypanosomiasis, – Epilepsy in tropical areas, – Dementia linked to specific epidemiological contexts. His legacy lives on through the many doctors and researchers he trained, the epidemiological studies he helped develop, and the scientific bridges he built between all continents. May his memory live on in the hearts of those who knew him, and may his work continue to enlighten medicine and international cooperation. Our affectionate thoughts are with his children, grandchildren, and all his loved ones. Prof Gilbert Dechambenoît, Prof Kouassi Beugré, Prof Boa Yapo Félix, Prof Thérèse Sonan Douayoua, Prof François Akani, Prof Berthe Assi LE COUT DE LA PRISE EN CHARGE DES ACCIDENTS VASCULAIRES CEREBRAUX DANS LES CHU DE LOME EN 2025Introduction Les accidents vasculaires cérébraux (AVC) constituent un enjeu majeur de santé publique de par leur morbi-mortalité et leur incidence sans cesse croissante avec une prévision de l’Organisation Mondiale de le Santé (OMS) de 16 millions de cas en 2005 à 23 millions en 2030 (4,10). La prise en charge d’un AVC engage des dépenses à l’instar de tout évènement de santé. Les dépenses engendrées par les AVC sont considérables en Afrique où le Produit Intérieur Brut (PIB) reste pami les plus bas au monde (1, 2,5,8,13, 14, 15). Différentes études en Afrique sub-saharienne (1,8,14), rapportent, un coût moyen pour une hospitalisation pour AVC entre 5 et 15 fois le revenu mensuel moyen, impactant fortement les ménages. Le Togo étant, un Etat Africain, un Pays en Voie de Développement (PVD) avec un PIB faible et un Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti (SMIG) de l’ordre de 52500 FCFA (80,15 euros) (12), l’évaluation de la charge financière liée à la survenue d’un AVC s’avère indispensable d’autant plus que, les AVC connaissent une forte augmentation dans nos communautés Africaines (3). Au Togo, les données relatives à cette charge financière datent de 2005 (13). Une période marquée par la non disponibilisation, dans les 2 centres hospitaliers universitaires (CHU) de Lomé, de la tomodensitométrie ainsi que d’une assurance maladie. Laquelle assurance, sera instituée par l’Etat Togolais en 2012 (14), rediscutant ainsi les coûts à la charge des ménages. Pourtant, aucune étude n’a évalué l’impact de ces progrès sur les coûts réels supportés par les patients. Cette étude vise à fournir des données actualisées sur les coûts directs de la prise en charge des AVC dans les CHU de Lomé. Méthodologie Les services de neurologie des deux CHU (Sylvanus Olympio et du Campus) de Lomé nous ont servi de cadre d’étude. Il s’est agi d’une étude prospective de type économique, à visée descriptive et analytique allant du 09 Avril au 09 Octobre 2024. La population d’étudeétait constituée des patients victimes d’AVC confirmé à la tomodensitométrie (TDM) ou à l’imagerie par résonance magnétique (IRM) cérébrale et ayant un score NIHSS inférieur à 20 à l’admission. N’étaient pas inclus dans notre étude les patients avec un score de NIHSS supérieur à 20 (admis en réanimation polyvalente). Le recueil des données a été effectué à partir d’une fiche d’enquête standardisée. Les variables d’étude portaient sur les données socio-démographiques du patient (âge, sexe, assurance maladie ou non), les types d’AVC (ischémique ou hémorragique, la durée d’hospitalisation), les coûts directs (médicaments, examens, actes médicaux, frais d’hospitalisation, dépenses des accompagnants ainsi que les frais divers comportant les déplacements éventuels du ou des accompagnants, leur restauration, les communications téléphoniques et les éventuels émoluments des accompagnants). Enfin, toutes les composantes du coût direct étudiées ont été globalisées en raison d’une prise en charge du coût, dans la totalité des cas étudiés, de manière complémentaire par le patient et ses parents. Résultats Notre étude a porté sur 306 patients hospitalisés pour AVC dans les deux CHU de Lomé, soit 306 patients dont 255 au CHU Campus et 51 au CHU Sylvanus Olympio (SO). L’âge des patients variait entre 30 et 100 ans avec une moyenne d’âge de 57,34 ans et un sexe-ratio (H /F) de 1,04. Cent quatre-vingt-quatre (60%) patients étaient fonctionnaires, 30(10%) était retraités, 15 (5%) étaient sans emploi et 77 (25%) étaient dans le secteur informel ou à leur compte (artisans, conducteurs de taxi-moto, revendeurs de fruites, friperie). Cent quatre-vingt-six (60,78%) patients avaient un AVCI et 120 (39,22%) avaient un AVCH. Deux cent dix (68,6%) patients, avaient une assurance maladie nationale avec une prise en charge de 80%. Nous rapportons au tableau 1 les caractéristiques socio-démographiques des patients de notre étude Le coût moyen global des AVC était de 369790 FCFA (563,74 euros), 360250 FCFA (550 euros) pour les AVCI et 344890 FCFA (526,55 euros) pour les AVCH. Les patients non assurés avaient dépensé en moyenne 378295 FCFA (576,71 euros) contre 288885 FCFA (440, 41 euros) pour les assurés. La majorité des patients, 90,2%, étaient hospitalisés en salle commune contre 9,8% en cabine. Le coût moyen des examens complémentaires était de 60340 FCFA (91,99 euros) pour les AVC, tandis que, selon le type d’AVC, ils revenaient en moyenne 83725 FCFA (127,64 euros) pour l’AVCI contre 49130 FCFA (74,90 euros) pour l’AVCH. Les actes médicaux coûtaient en moyenne 9735 FCFA (14,86 euros) pour les AVC, 11085 FCFA (16,90 euros) pour l’AVCI contre 7670 FCFA (11,69 euros) pour l’AVCH et les frais d’hospitalisation représentaient en moyenne 22190 FCFA (33,90euros) pour les AVC, 21420 FCFA (32,70 euros) pour l’AVCI contre 23380 FCFA (35,70 euros) pour l’AVCH. Les dépenses des accompagnants coutaient en moyenne 40945 FCFA (62,42 euros) pour les AVC contre 43855 FCFA (66,95 euros) pour l’AVCI contre 36275 FCFA (55,38 euros) pour l’AVCH. Les autres frais (actes médicaux, réanimation, service admission) représentaient en moyenne 9745 FCFA (14,86 euros) pour les AVC, 11085 FCFA (16,92 euros) pour les AVCI et 7670 FCFA (11,70 euros) pour les AVCH. La durée moyenne de séjour a été de 7,10 jours. Nous rapportons dans le tableau 2, le récapitulatif des coûts moyens directs de la prise en charge des AVC. Discussion L’âge moyen dans notre série était de 57,34 ± 13,21 ans avec des extrêmes de 30 et 100 ans. Les résultats similaires ont été rapportés par TEPE en 2005 au Togo soit une moyenne d’âge de 54,15 ans avec des extrêmes de 30 et 80 ans (13). Ce résultat est superposable à celui rapporté en Ouganda par OLUM (10). Nous avons aussi noté une prédominance masculine avec un sex-ratio (H/F) à 1,04 contrairement à OLUM en Ouganda (10). La charge financière des dépenses de 68,6% des patients de notre étude était partagée avec une assurance contre un pourcentage nul en 2005 (13). Cela peut s’expliquer par le fait que le régime d’assurance maladie au profit des agents publics et assimilés a démarré ses prestations en 2012 et que le niveau de vie de la population an 2005 ne permettait pas à un grand nombre de s’offrir une assurance maladie privée contrairement en 2024 où une assurance maladie universelle est mise à la disposition de toutes les couches sociales (6, 7, 11). La durée moyenne de séjour dans notre série, était de 7,10 jours avec des extrêmes de 01 et 19 jours contrairement à une moyenne de 17,44 jours avec des extrêmes de 03 et 41 jours rapportées en 2005 (13). Cette grande différence peut s’expliquer par la réduction de la durée de séjour des patients en optimisant la prise en charge avec une bonne éducation des patients et de leurs accompagnants afin de faciliter un retour précoce à domicile. La salle commune était la salle la plus occupée aussi bien dans notre étude qu’en 2005 (13). La moyenne des dépenses en produits pharmaceutiques tout AVC confondu était de 327,42 euros dans notre série contre 170,36 euros en 2005 (13). Ces grandes différences seraient peut-être dues à une augmentation du prix des produits pharmaceutiques de nos jours avec l’avènement des spécialités médicamenteuses qui prennent plus de place dans la prescription par les agents de santé. Ainsi, les examens paracliniques ont couté en moyenne 91,99 euros dans notre étude contre 147,50 euros en 2005 (13). Cette grande différence de prix serait due entre autres à la disponibilité et l’accessibilité dans les deux centres de prise en charge de la TDM cérébrale subventionnée par les autorités, examen réalisé par la totalité des patients et qui constitue une partie importante des dépenses ; sans oublier la diminution du prix de la plupart des examens biologiques et l’accessibilité de l’assurance maladie qui couvre 80% des dépenses (11, 13). Le coût moyen des actes adjuvants était évalué à 14,86 euros dans notre étude contre 9,43 euros en 2005 (13). Les actes dans notre étude étaient essentiellement la kinésithérapie et l’orthophonie. Ce coût assez faible serait expliqué par le fait que les rééducations se sont le plus souvent poursuivies à domicile afin de réduire les durées de séjour des patients et les études n’ont pris en compte que les dépenses faites à l’hôpital. Frais d’hospitalisationUn patient hospitalisé pour AVC paie en moyenne 369790 FCFA (563,74 euros) comme frais d’hospitalisation contre 785,62 euros en 2005 (13). Cette grande différence est expliquée par deux facteurs principaux : la durée d’hospitalisation et le prix des salles. En effet, la durée d’hospitalisation est passée d’une moyenne de 17,44 jours en 2005 (13) à 7,10 jours en 2024. Le prix des salles d’hospitalisation, au CHU Campus, où on a la plus grande taille de notre échantillon soit 83,33 %, est passé pour la chambre commune (la salle la plus occupée) de 4500 FCFA (6,87 euros) à 2500 FCFA (3,81 euros) en deux décennies (13). En moyenne dans notre étude, la prise en charge d’un patient hospitalisé pour AVC a dépensé environ 7 fois le SMIG actuel 52575 FCFA (80,15 euros) contre environ 19 fois le SMIG 20025 FCFA (30,53 euros) en 2005 (13). Cette différence de prix est due à plusieurs facteurs notamment l’introduction de l’assurance maladie au profit des agents du public et assimilés il y a 12 ans. Cependant, du point de vue du SMIG, les avancées ont été significatives, on est passé de 19 fois le SMIG à 7 fois le SMIG. Coût global de la prise en charge en fonction du mode de règlementDans notre étude, les dépenses étaient plus réduites chez les patients ayant une assurance maladie avec une différence d’environ 136,30 euros en comparaison avec les patients non assurés. Cette différence aurait été plus grande si ces patients n’avaient pas privilégié les cabines et en plus, ils avaient de grosses dépenses du coté de leurs accompagnants. Au cours de l’étude de 2005, aucun patient n’était assuré (13). Conclusion Les AVC constituent le principal motif d’hospitalisation en neurologie occasionnant des dépenses non négligeables. Dans nos contextes où les ménages contribuent au financement de la santé, il est important de déterminer la charge financière des pathologies constituant un problème de santé publique notamment les AVC et d’en assurer une mise à jour assez régulière. ![]() ![]() INTRODUCTION Selon le National Pressure Ulcer Advisory Panel (NPUAP) définir une lésion cutanée d’origine ischémique liée à une compression des tissus mous entre un plan dur et les saillies osseuses (2, 10). La prévalence des escarres est en augmentation dans plusieurs régions du monde (15). En France, sa prévalence était estimée à 8,4% en 2014 (4). Et en Afrique, une Méta-analyse réalisée en 2020 montrait que la prévalence ponctuelle des escarres était de 11% en Afrique (3). De plus, malgré l’augmentation des connaissances médicales et de nouvelles préventions et traitements efficaces, l’escarre reste une pathologie courante et débilitante qui représente un énorme fardeau pour les personnes touchées, les soins de santé, les systèmes et coûts socio-économiques (11, 15). La plupart des études menées sur les escarres dans le monde, sont axées sur la prévalence et l’incidence des escarres (4, 7, 15). D’autres études se sont intéressées aux facteurs de risque et à la prévention des escarres et à sa prise en charge (1, 6). Peu de données sont retrouvées dans la littérature sur la mortalité hospitalière liée aux escarres. En neurologie du fait du handicap des patients, ceux-ci pourraient être exposés à l’alitement prolongé et éventuellement au risque de survenu d’escarre. Mesurer son ampleur dans un service tel que la neurologie et en évaluer son impact fourniraient des indicateurs pertinents de décision en santé publique. Les escarres pourraient être significativement liées à la mortalité et prolongeraient la durée d’hospitalisation des patients hospitalisés au service de neurologie. Nous avons ainsi réalisé cette étude afin d’évaluer la mortalité et la morbidité ainsi que les déterminants des escarres en hospitalisation de neurologie. MATERIEL ET METHODE Il s’est agi d’une étude cohorte, prospective portant sur tous les patients hospitalisés du 1er janvier 2024 au 30 juin 2024 au service de neurologie du CHU de Cocody à ABIDJAN. Sa capacité d’accueil est de 37 lits. Il est subdivisé en 2 sous-unités soit une de neurologie générale et une neurologie vasculaire. Ont été inclus dans l’étude tous les patients hospitalisés durant la période d’étude. Les différentes variables étudiées étaient les données sociodémographiques (l’âge, le sexe, la profession, le niveau scolaire, le statut matrimonial), les données cliniques (le motif d’hospitalisation, les antécédents, la température, le tour de taille, le score prédictif de survenue d’escarres BRADEN (cette échelle comprend six items tels que la perception sensorielle, l’humidité, l’activité, la mobilité, la nutrition, la friction et le cisaillement. Chaque item est noté de 1 à 4 sauf l’item friction et cisaillement qui est noté de 1 à 3. Le score total de cette échelle est de 23. Plus le score bas, plus le risque de survenu d’escarre est élevé), les syndromes neurologiques à l’admission, le diagnostic retenu, le type de complication de décubitus, le siège de l’escarre, le stade de l’escarre, la dimension, le délai d’apparition de l’escarre), les données biologiques (la glycémie veineuse, le taux d’hémoglobine, la CRP, l’hémoculture, la procalcitonine), les données thérapeutiques et évolutifs (le type de matelas, la présence de coussin, l’intervalle d’immobilisation, la fréquence de nettoyage de l’escarre, les moyens de prise en charge des escarres, l’évolution en cours d’hospitalisation, la durée d’hospitalisation). Les variables quantitatives ont été exprimées par leur moyenne ± écart type ou par leur médiane ± étendue. Les variables qualitatives quant à elles ont été exprimées par leur effectif et proportion. L’analyse statistique a été faite à l’aide des tests de Chi2 et de Ficher avec un seuil de significativité p ˂ 0,05. RESULTATS Sur les 221 patients inclus, 57,9% étaient des femmes, avec une moyenne d’âge de 53 ans et un sex ratio de 0,7 (tableau I). Le déficit moteur et le trouble de la vigilance étaient les motifs d’hospitalisation les plus retrouvés. Les patients avaient un déficit moteur sévère (plégie) dans 68,6% des cas et un trouble de la vigilance avec un score de Glasgow inférieur ou égal à 10 dans 16,5% des cas (tableau II). Les patients qui avaient un risque élevé ou très élevé à l’échelle de BRADEN ont eu des escarres dans 65,2% des cas (figure 1). L’escarre était présente chez 37 des patients soit une prévalence de 16,7%. Chez les patients n’ayant pas d’escarre à l’admission, l’incidence des escarres en cours d’hospitalisation était de 07,1%. Elle se localisait dans 59,5% des cas au niveau du sacrum (tableau III). Le stade III était retrouvé dans 54%, suivi du stade II (37,84%) et le stade I représentait seulement 2,7% des patients (tableau IV). Parmi l’ensemble de nos patients ayant une anémie, 51,9% avaient des escarres (figure 2). Le sérum physiologique ou chlorure de sodium à 0,9 % était utilisé pour le nettoyage des escarres chez 36 sur 37 patients ayant des escarres (tableau V). La durée moyenne d’hospitalisation des patients sans escarres était 10,2 jours avec un maximum de 21 jours et celle des patients avec escarres était de 15,4 jours avec un maximum de 31 jours (figure 3). Tous les patients avec ou sans escarres qui avaient un risque très élevé à l’échelle de BRADEN étaient décédés (tableau VI). Les patients ayant une escarre sont décédés dans 37,8% des cas et ceux sans escarre sont décédés dans 11,9% des cas. La présence d’escarre était significativement associée au décès et augmentait de plus de 3 fois le risque de mortalité chez nos patients (tableau VII). Le décès est également lié significativement avec l’échelle de Braden (tableau VII). DISCUSSION Ce travail a présenté l’impact des escarres chez 221 patients hospitalisés en neurologie. Il a objectivé que sur l’ensemble des patients, la prévalence des escarres était de 16,7%. Cependant, l’incidence de survenue des escarres en cours d’hospitalisation chez les patients était de 07,1%. Cette incidence était conforme aux données de la littérature où l’incidence variait de 0,4% à 38% en fonction des services d’hospitalisation (9, 14, 15). Cette incidence, est relativement plus faible que celle retrouvée en Europe en 2007, dans une étude multicentrique, incluant plusieurs pays où l’incidence des escarres des patients de neurologie était de 15,1% (14). Cela pourrait s’expliquer par le jeune âge relatif de nos patients et par le fait que notre service s’est doté depuis décembre 2023 de matelas anti escarre à air. L’incidence des escarres augmentait avec l’âge avec un pic de fréquence situé entre 51 et 65 ans. Ce résultat corrobore avec celui de Oukit au Maroc qui rapportait un âge moyen de 54,8 ans (11). Tandis que la littérature occidentale rapportait un pic de fréquence situé entre 76 et 84 ans (13). Ceci pourrait s’expliquer par le fait qu’en Afrique, la population est relativement jeune. Le sexe féminin était discrètement plus représenté avec un sex-ratio de 0,7. Ce résultat était différent du résultat avancé par Briggs et al, lors d’une étude menée au Royaume-Uni qui notait une légère prédominance masculine (5). Cependant dans la littérature la prédominance de sexe varie d’une étude à l’autre (7, 8, 12, 13). Les patients qui avaient un risque élevé ou très élevé à l’échelle de Braden ont eu des escarres dans 65,2% des cas. Ce qui était conforme aux données de la littérature (1, 13). En effet, l’échelle de Braden fait partie des échelles d’évaluation du risque d’escarre. C’est une échelle simple, facile à utiliser, dont la sévérité est corrélée au risque de survenue d’escarre. La présence d’escarre prolongeait la durée d’hospitalisation de nos malades. En effet la durée moyenne d’hospitalisation des patients, avec ou sans escarre était de 11,1 jours ; celle des patients sans escarres était de 10,2 jours avec un maximum de 21 jours, et celle des patients avec escarres était de 15,4 jours avec un maximum de 31 jours. Ce qui était conforme aux données de la littérature où la présence d’escarre prolongeait la durée d’hospitalisation (5, 11). En effet, Oukit dans son étude a trouvé une durée moyenne d’hospitalisation de 19,6 jours (11). Jiang et al en Chine dans leur étude, retrouvaient une durée d’hospitalisation majoritairement comprise entre 6 et 30 jours (79,49%) chez les patients avec escarre (8). Plusieurs raisons pourraient expliquer cette différence. Premièrement, l’escarre est une complication de décubitus qui entraine une prise en charge supplémentaire et sa guérison est très difficile. Secondairement, le stade III était le stade le plus fréquent (54%), suivi du stade II (37,8%) et le stade I représentait seulement 2,7% des patients ayant des escarres. Enfin, la localisation sacrée était la localisation la plus fréquente des escarres (59,5%) ce qui rend la prise en charge difficile du fait des difficultés de décharge. Le taux de décès des patients avec des escarres était de 37,8% contre 11,9% de décès chez les patients sans escarres. La présence d’escarre était significativement associée au décès et augmentait de plus de 3 fois le risque de mortalité chez nos patients. Les résultats étaient conformes aux données de la littérature. En effet, selon la littérature la présence d’escarre multiplie par 2 le risque de mortalité des patients (13). Ce taux élevé de décès chez les patients avec escarres dans l’étude pourrait s’expliquer par le fait que 59,4% des patients avaient des escarres au stade III ou IV et n’avaient pas, par conséquent, un protocole de traitement adapté. De plus la présence des escarres était responsable d’autres complications telles que : le sepsis (5% des cas), l’anémie (51,9% des cas). Cependant d’autres déterminants de mortalité ont été retrouvés dans notre étude. Il s’agissait de la présence d’un risque très élevé à l’échelle de Braden et d’un trouble de la vigilance avec un score de Glasgow inférieur ou égal à 10. En effet, l’échelle de Braden était significativement associée au décès et tous les patients avec ou sans escarres qui avaient un risque très élevé à l’échelle de BRADEN étaient décédés. De même les patients avec un score de Glasgow inférieur ou égal à 10 avaient un risque élevé de décès. CONCLUSION Cette étude prospective est l’une des rares études à évaluer des escarres sur le devenir des patients hospitalisés dans un service de neurologie en Afrique noire. Même si elle comporte certaines limites en rapport avec la petite taille de l’échantillon, l’étude a montré que la présence d’escarres chez les patients hospitalisés était corrélée à un prolongement de la durée d’hospitalisation, à un risque élevé de décès et à la survenue d’autres complications telles que le sepsis et les anémies. Il faudrait donc mettre l’accent sur les mesures de prévention car ceux-ci diminuent considérablement l’incidence des escarres. ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() Conflit d’intérêt : aucun Articles récents
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